Abidjan- Une marée noire en Côte d’Ivoire? Les autorités ivoiriennes s’y préparent et ont fait réaliser vendredi un exercice de dépollution grandeur nature dans la célèbre station balnéaire d’Assinie (sud-est). Avec du... popcorn en lieu et place du pétrole.
Scénario de départ
Une collision d’un pétrolier nigérian et d’un navire de pêche à 50 km des côtes ivoiriennes entraîne une pollution maritime d’ampleur avec plus de 2000 mètres cube d’hydrocarbures déversés dans l’océan. Le lendemain du naufrage, les plages sont souillées par le brut.
A l’appel du ministère de l’Environnement et du développement durable ivoirien, les habitants ont été réquisitionnés pour ce plan Pollumar au lendemain de la journée mondiale des océans.
Les bateaux des pêcheurs sont restés au village et les habitants se prêtent au jeu de rôle écologique, sous le regard des instructeurs du Centre ivoirien antipollution (CIA-POL), qui conduisent l’opération. C’est le premier exercice du genre en Côte d’Ivoire.
- ’Ils se débrouillent pas mal’ -
Vêtus de combinaisons blanches, de bottes vertes et de gants rouges, une quinzaine d’hommes s’avancent, le regard incertain, vers un tas de balais, de râteaux et de pinces à déchets.
Au programme du popcorn... ou plutôt le ramassage du faux pétrole, matérialisé par la friandise chère aux salles de cinéma et que les autorités ont déversé sur plusieurs dizaines de mètres.
Les hommes commencent à balayer et à ratisser les boulettes blanchâtres. La progression est lente, mais les sacs plastiques se remplissent petit à petit. Les travailleurs, les corps entièrement couverts par les combinaisons, transpirent sous un soleil de plomb.
Cinq marins pompiers entrent en scène et disposent sur le sable des "barrages absorbants", de gros boudins disposés à un mètre des vagues, pour contenir la pollution.
"Le pétrole est en train d’être déposé par les vagues et nous devons le bloquer pour éviter qu’il ne se disperse sur le sable", explique l’un des marins-pompiers, faisant mine d’être confronté à une véritable pollution.
Convaincus qu’il faut se comporter comme dans une situation réelle, les organisateurs ont d’ailleurs choisi d’interdire l’accès de la zone "contaminée" à la presse, empêchant ainsi tout contact avec les travailleurs du popcorn...
Un trou tapissé d’une bâche plastique a été aménagé sur la plage pour accueillir la +pollution+. "C’est ici qu’on dépose les plaques de pétrole pour éviter qu’elle ne s’infiltre dans le sol et touche les nappes aquatiques"précise l’un des instructeurs.
Deux heures plus tard, le popcorn a été ramassé mais les travailleurs doivent désormais passer par un "espace de décontamination". Le pétrole brut est en effet toxique et les autorités veulent ainsi éviter tout problème sanitaire ou pollution du village.
"Je voulais vous remercier pour le résultat obtenu. Les grands objectifs ont été atteints: préservation des vies humaines ainsi que des zones sensibles et des activités socio-économiques. Nous veillerons au bon remboursement des populations touchées par la pollution", affirme Anne Ouloto, ministre de l’Environnement, jouant son rôle jusqu’au bout.
Sous l’ombre d’un cocotier, un lieutenant de la marine française spécialisé dans les opérations de dépollution a observé l’exercice qu’il juge satisfaisant. "Ils se débrouillent pas mal", sourit le lieutenant Charles-Henri Thouaille, venu spécialement de Brest (ouest de la France)
Son collègue, Julien Favier, observateur pour l’Organisation maritime internationale (IMO), habitué de ce genre d’exercices, confesse: "Après avoir vu les Mauritaniens à l’oeuvre, on peut dire que l’opération a de l’allure!".
Une fois l’exercice bouclé, la ministre, qui assure que la Côte d’Ivoire doit être prête à faire face à toute pollution, "souhaite" que des simulations de ce genre soient "répétées périodiquement" dans d’autres régions du pays.
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