Entre Hamed Bakayoko, numéro deux du gouvernement, et DJ Arafat, star de la nuit, la fascination est réciproque. Enquête sur une « bromance » à l’ivoirienne.
La foule n’est plus qu’un grand cri suspendu. DJ Arafat gravit les marches qui le conduisent à la scène, sur des trompettes synthétiques de triomphe romain. Casquette blanche, chemise imprimée au visage du président Ouattara, le ministre d’Etat Hamed Bakayoko l’attend, les bras ouverts. Le parrain et son lieutenant. « C’est mon fils ! C’est mon fils ! » hurle le politicien.
Joignant le geste à la parole, ce géant embarque le musicien sur son dos comme un enfant et tournoie dans l’air chaud. Dans cette scène primordiale d’adoubement patriarcal face à un public sidéré, dans cette vidéo de médiocre qualité qu’on trouve sur internet, quelque chose se joue pour le duo le plus baroque, le plus magnétique et le plus puissant de Côte d’Ivoire. Cette nuit encore, le ministre et son DJ font danser un pays entier.
« L’âme de la nuit abidjanaise »
Dans le quartier du Plateau, à Abidjan, le ministère de l’intérieur est une grande maison sans rythme. Les antichambres y sont nombreuses. Dans le bureau de la secrétaire, outre les fleurs pour son anniversaire, il y a un grand portrait dessiné du ministre d’Etat.
Il n’est pas difficile de trouver des images d’Hamed Bakayoko, notamment sur sa page Facebook, où il pose en tenue de judoka, en short de footballeur, avec l’ancien président français Nicolas Sarkozy ou l’ex-premier ministre Manuel Valls, entouré de l’élite encagoulée de la police ivoirienne, mais aussi avec tout ce que la République compte de musiciens, de fêtards, de propriétaires de clubs et de figures du divertissement. Avant de devenir ministre de l’intérieur et de la sécurité en 2011, il a notamment dirigé Radio Nostalgie pour l’Afrique. « Il était l’âme de la nuit abidjanaise », dit de lui un vétéran des pistes de danse.
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