Il règnerait en ce moment une ambiance délétère entre le gouvernement et les mutins de Bouaké, a appris Ivoirematin.com de source militaire. Trois réunions d’urgence et secrètes ont même été convoquées dans le but de désamorcer la bombe, à en croire ces sources. Cette situation est consécutive, dit-on, au retard de paiement des sept (7) millions restants sur les douze (12) millions réclamés par les ‘’8400’’ mutins lors de leur soulèvement du 5 janvier 2017.
Selon les accords, les sept millions devraient être payés sur 7 mois, à compter de fin janvier dernier. Les mutins devraient percevoir donc percevoir un million chaque fin de mois. Mais depuis lors, ils n’ont rien perçu. Et cela fait deux mois, février y compris, qu’ils attendent l’application de l’accord. Chose que les mutins ne digèrent et pour laquelle ils menacent. « Ils se sont soulevés récemment et ont menacé de descendre sur Abidjan si leur argent n’est pas versé», affirme notre source militaire.
Les mutins veulent se soulever
A en croire l'informateur, la menace est prise au sérieux par le gouvernement, à telle enseigne que des éléments des Forces spéciales ont été positionnés à Tiébissou dans le but de parer à tout soulèvement des mutins et empêcher leur descente sur Abidjan, soutient un officier de l’armée.
Le retard du paiement du reliquat de la prime est une décision volontaire du gouvernement, fait savoir notre source. « Le gouvernement veut satisfaire les revendications des autres militaires et gendarmes qui se sont sentis lésés ainsi que celles des fonctionnaires. C’est quoi il a repoussé le paiement de la prime des mutins de trois mois », rassure la source.
Satisfaire tout le monde
Elle croit que le retard du virement de la solde du mois de février expliquerait cette décision du gouvernement. « Je ne peux pas confirmer, mais il parait que c’est parce qu’ils veulent satisfaire tous les militaires que les virements n’ont pas été effectués jusqu’à ce jour, 28 février. Normalement, au plus tard le 25 sinon 27 du mois, nous sommes payés », explique l’officier militaire.
La volonté du gouvernement de satisfaire tout le monde, les mutins de Bouaké ne l’entendent pas de cette oreille. Notre interlocuteur affirme que face à leur incessante menace, une réunion des chefs des grands commandements de l’armée et les représentants des mutins s’est tenue, le vendredi 24 février, au ministère de la Défense. Les chefs militaires ont fait savoir à la délégation la décision du gouvernement de proroger de trois mois le début de paiement des 7 millions restants.
Ouattara s'impose aux mutins
La pilule est amère. A Bouaké, on refuse de se plier à cette décision. Le retour est fait au gouvernement qui convoque une nouvelle réunion à Abidjan, le lendemain samedi. Le ministère de la Défense va se montrer ferme. Les mutins aussi. Devant la situation, une autre réunion est convoquée à Abidjan le dimanche. Cette fois, c’est le Président Ouattara lui-même, en sa qualité de chef suprême des armées, qui prend les devants.
Par la voix de son ministre délégué, il fera savoir qu’il ne transigera pas avec sa décision. « Le Président leur a fait dire qu’il n’y a plus de négociations parce qu’il ne veut pas que le pays brûle. Donc, il va satisfaire tout le monde », fait savoir la source militaire. Mais en croire la source militaire, des bruits font état de ce que les mutins sont retournés vers les ex-combattants démobilisés dans l’intention de les entraîner dans leur projet de sédition.
Il y a de l'ordre à mettre
Un responsable communication d’un des ex-commandants des Forces nouvelles de Bouaké que nous avons joint en début de soirée, pour en savoir davantage, a reconnu un retard dans le paiement des 7 millions restants. Mais il ignore si cela est dû à une volonté du gouvernement de satisfaire tout le monde.
« Ce que je sais, c’est que lorsque qu’on parle des 8400 (Ndrl : mutins), il y a des morts, des malades et des absents Le paiement des 5 millions a été fait à la hâte, dans la précipitation. Maintenant, le gouvernement veut mettre de l’ordre pour mettre tout le monde au même niveau. Parce que parmi ceux qui ont revendiqué, ce n’est pas tout le monde qui a eu les 5 millions. A côté de cela, il y a eu dans la foulée de nouvelles nominations, un nouveau ministre de la Défense et un nouveau chef d’Etat-major des armées qui ont besoin de temps pour regarder le dossier. Donc, vous comprenez qu’il y a de l’ordre à mettre avant de poursuivre le paiement », a dit ce proche.
Concernant les trois réunions convoquées d’urgence, cette source dit ne rien savoir. « Chacun a ses informations. Mais, c’est dans la façon de rendre qu’il y a souvent de l’intox. Par exemple, à Bouaké, ils ont dit que le ministre Donwahi avait été pris en otage. C’est quelqu’un qui était de la réunion qui a donné l’information. Mais il l’a mal rendue et c’est devenu de l’intox », s’est-il réservé.
L'Etat-major réagit
Au ministère de la Défense, notamment au niveau de l’Etat-major des armées, un officier supérieur qui nous a répondu au téléphone a démenti ces informations. « Nous sommes à la fin du mois et vous aurez ce genre d’informations. C’est ce que nous appelons de la pression préventive, c’est-à-dire amener le gouvernement à se pencher sur leurs revendications. Je sais qu’il y a eu des réunions mais pas sur cette question-là. Du fait de ma position, je participe à beaucoup de réunions au niveau de la hiérarchie, mais je n’ai pas connaissance de ces réunions », indique cette source.
Elle estime que le gouvernement n’a aucune volonté de revenir sur ses accords avec les mutins pris le 13 janvier. « La Côte d’Ivoire a assez de moyens pour satisfaire tout le monde. Elle n’a donc pas besoin de repousser le paiement de la prime des 7 millions », ajoute l’autorité militaire. Selon elle, l’heure est en ce moment à la cohésion au sein des forces armées. « Le message qui est véhiculé est celui de la cohésion entre ceux qui ont bénéficié et ceux qui n’en ont pas bénéficié ».
Pas d'augmentation du solde
Ce cadre de l’armée a confié que son virement n’a pas encore effectué. Pour autant, il ne lie pas le fait aux dire de notre informateur. « J’ai mon collègue qui a eu son solde et il n’a pas bougé d’un iota. Mais s’il y une augmentation, tout le monde le saura », a soutenu notre interlocuteur au ministère de la Défense. L’officier supérieur a relevé que le gouvernement a sa feuille de route et qu’il est dans son rôle. « Il n’y a rien, sinon je vous l’aurais dit ou vous aurais demander de ne pas l’ébruiter », dit-il, remerciant Ivoire Matin pour la démarche.
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