"Nous acceptons les billets et pièces, quelle que soit la qualité, simplement parce que c’est de l’argent", fait savoir Mory Bâ, conducteur de taxi dans la capitale politique ivoirienne Yamoussoukro pour qui les refuser "est ridicule, dans la mesure où il n’en sera pas fait une propriété privée".
Sans grogne ni refus, les populations de Yamoussoukro (Centre ivoirien), s’échangent les pièces de monnaies dites "lisses" [aux inscriptions plus ou moins totalement effacées] et les billets de banque usés (vieux ou déchirés), contrairement à Abidjan, la capitale économique, où ils sont rejetés par des commerçants et chauffeurs de transport en commun.
"Ici, l’argent lisse ou déchiré n’est pas un problème", lance en souriant Mory Bâ, 36 ans, conducteur à Yamoussoukro depuis une dizaine d'années de l’un des taxis-ville aux couleurs nationales orange blanc et vert.
A l’un des ronds-points du centre-ville, Ousmane Touré, la quarantaine, vient de descendre d’un autre taxi. Pour sa monnaie, hormis la pièce de 200 FCFA, les trois billets de 500 FCFA que lui remet le conducteur sont tous usés et perforés par endroit. Mais sans hésiter, ni tenir compte de l’état de ces billets, le client s’empresse de les prendre, les ranger et de dire "merci!".
"Je viens faire des courses, alors pourquoi vouloir forcément des billets craquants puisque je vais les dépenser tout à l’heure", explique M. Touré. "Et puis, si ces billets sont dans cet état, c’est justement parce qu’ils passent au quotidien de mains en mains. Alors pourquoi les refuser si nous sommes tous responsables de leur apparence", dénonce-t-il.
A un coin du trottoir de ce rond-point, une restauratrice installée sur une table en plein air. Kadi Fadia, la trentaine, n’a pas une attitude contraire. Elle également accepte sans tenir compte de son état, l’argent que lui tendent ses clients et rend la monnaie si nécessaire.
"L’argent, c’est l’argent", s’exclame la vendeuse pour qui "tant que cela a de la valeur, nous prenons. La qualité ne nous intéresse pas".
L'état d’esprit de Fadia, des conducteurs de taxi et de leurs clients vis-à-vis de l’aspect de l’argent est cultivé par la quasi-totalité des populations de la capitale politique ivoirienne qui ne rechignent pas à l'accepter.
Dans les commerces, les gens font très peu attention aux pièces et billets de banque usés, facilitant ainsi les échanges à Yamoussoukro.
Mis en circulation en 1992 (250 FCFA), 2003 (2000, 1000, 500 FCFA pièce) et 2012 (500 FCFA billet) par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO), ces billets et pièces quand ils sont endommagés, sont très souvent refusés par les populations de certaines villes du pays dont Abidjan (la capitale économique ivoirienne).
Sans aucune autre raison que celle liée à l’apparence de l’argent, les abidjanais refusent systématiquement toutes pièces ou billets comportant une marque d’usure. Une attitude plusieurs fois dénoncée dans des communiqués gouvernementaux, mais en vain.
La Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) pour sa part a souligné qu’elle n’a publié aucun communiqué interdisant l’utilisation de ces pièces et billets [endommagés] dans les échanges.
Source: Alerte Info
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Anonyme
En Mars, 2018 (16:55 PM) aujourd'hui encore, les banques et les commerçants refusent les vieux billets déchirés à AbidjanParticiper à la Discussion
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