Lorsque nous pénétrons dans la matinée du vendredi 24 juin 2016, sur le campus de l’Université Félix Houphouët Boigny (UFHB) d’Abidjan, c’est presqu’un désert total! Dans les artères de la plus grande et la plus ancienne université ivoirienne, seuls quelques étudiants venus s’imprégner de la situation, sont aperçus.
Les jours qui ont suivi la mort tragique de l'étudiant handicapé, Roland Allaba (en 1ère année de Sciences économiques et de gestion), fauché par un véhicule de police le vendredi 17 juin 2016, la tension était restée vive entre étudiants et les forces de l’ordre logées sur le campus.
La tension semble avoir baissé d’un cran, mais le feu couve toujours sur l’UFHB d’Abidjan, avec un retour des étudiants dans les amphithéâtres qui n’est pour l’instant pas à l’ordre du jour, en témoigne la réaction des deux principaux leaders syndicats d’étudiants.
Selon Aristide Ozoukou, le Secrétaire général (Sg) de la coordination des étudiants et élèves de Côte d’Ivoire (Coeeci), il est hors de question de reprendre les cours tant que la Police ne quitte pas le campus, conformément aux franchises universitaires.
« C’est actuellement le statu quo à l’Université, c’est-à-dire qu’il n’y pas de cours. Car après la mort de notre camarade, la Coeeci a produit un communiqué pour demander le départ de la Police sur le campus en attendant de voir clair dans les choses. C’est dans cette logique à laquelle adhère la Fesci (Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire) que nous sommes toujours. On demande donc le départ sans condition des Forces de l’ordre sur l’espace universitaire parce que cela fait plusieurs fois que les étudiants sont victimes de leur part. Et lorsque les étudiants veulent revendiquer, la Police s’oppose et ils sont brimés. Certains sont même jetés en prison. On constate donc que la police n’est pas pour la démocratie. Elle empêche la liberté d’expression, d’opinion et de manifester. D’ailleurs récemment, il y a des étudiants qui ont manifesté et il y a eu des cas de viol, vol et violence à travers une mission punitive menée à une heure avancée par la police qui est pourtant censé protéger tous les citoyens. Tout le monde a appris cela et aujourd’hui, il y a eu mort d’homme. Donc, nous disons trop, c’est trop ! Au vu de tout cela, nous voulons que la police parte pour que nous puissions engager des discussions avec les autorités pour voir dans quelle mesure on va ensemble, réfléchir sur la sécurité de l’Université. En clair, il faut que la Police se retire afin que les autorités convoquent les assises de l’Université », a déclaré cet étudiant en Faculté de droit.
Même son de cloche du côté d’Assi Fulgence Assi dit ‘’Afa’’, le Sg de la Fesci qui parle, lui, d’un «état de siège» à l’Université.
«Aujourd’hui, les étudiants refusent de faire cours parce qu’il y a un état de siège de la Police sur le campus. Les étudiants demandent le départ de la Police. Il y a certes, des revendications corporatives mais aujourd’hui, les étudiants réclament le départ pur et simple de la Police de l’université. Nous demandons également que la lumière soit faite sur toutes les bavures des policiers sur les campus universitaires. Aussi, avons-nous demandé qu’on puisse dédommager tous les étudiants qui ont été victimes de la Police. Y compris tous ceux qui ont vu leurs affaires détruites par la Police. Sans oublier la prise en charge des obsèques de l’étudiant tué par la police… », a renchéri, le N°1 du plus grand syndicat des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire qui a par ailleurs ajouté que malgré leur revendication, «si la police est encore là, c’est parce que les autorités le veulent ».
Nous avons joint le ministère de la Sécurité et de l’Intérieur qui, par la voix de son Directeur de Communication, Coulibaly Vazouma nous a prié de nous adresser à la Direction générale de la Police. Auparavant nous avons joint le général, Brédou M’bia, le Directeur général de la police nationale qui s’est refusé de tout commentaire, promettant de nous recevoir « dans les prochains jours ».
Source : afrikipresse
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