L'Espanyol s'apprêtait à faire un coup à trois bandes : remporter sa huitième victoire de la saison, soulever son premier derby à domicile depuis plus de quatre ans et mettre un coup sur la tête d'un Barça à la lutte avec l'Atlético, la Real Sociedad et Villarreal pour attraper un ticket qualificatif à la prochaine Ligue des champions.
Puis, patatras. Dimanche soir, alors qu'ils menaient 2-1, les Pericos ont laissé Adama Traoré s'échapper dans les arrêts de jeu et dégainer un centre parfait au point de penalty. Mauvaise idée : Luuk de Jong a surgi et battu Diego López d'une tête puissante. Coup de sifflet final, un Barça miraculé, maintenu au buzzer à la quatrième place de Liga et Xavi a alors pu se tourner vers son nouveau sauveur : Adama Traoré, que le club catalan avait laissé filer en 2015.
«?Nous ne parlons pas de force, mais de puissance?»
À cette époque, le FC Barcelone tournait offensivement avec trois monstres : Neymar, Lionel Messi et Luis Suárez. Trois hommes qu'Adama Traoré ne pouvait qu'observer depuis les rangs du Barça B, lui qui n'a longtemps compté que 93 minutes de jeu avec l'équipe première barcelonaise.Dans ce contexte que faire ? Partir. L'histoire est connue : en août 2015, Traoré décide de s'engager à Aston Villa, où il va d'abord connaître une grave blessure au pied qui va l'éloigner des terrains durant trois mois. Grâce aux conseils d’Óscar Martínez, son préparateur physique personnel, le natif de L'Hospitalet de Llobregat en profite pour travailler le haut du corps et devenir l’armoire à glace qui sévit actuellement à Barcelone.
«?Nous ne parlons pas de force, mais de puissance, évoquait Martínez, en 2020. Quand il est arrivé à Barcelone, il a commencé un entraînement iso-inertiel. Pour être pro, un joueur doit donner plus de 600 watts de puissance et Adama n'en avait que 590. Aujourd'hui, il est à plus de 1000.?» Lors de la saison 2017-2018, Adama Traoré brille en Championship avec le maillot de Middlesbrough sur ses larges épaules et se construit une réputation d’impact player aux côtés, déjà, de Martin Braithwaite.
La suite : son explosion aussi médiatique que sportive à Wolverhampton lui ouvre les portes de la sélection nationale espagnole, où le phénomène participera aux éliminatoires de l’Euro 2020 avant d’être sélectionné par Luis Enrique pour le tournoi.
Cela dit, les performances de Traoré chez les Wolves ne sont plus aussi resplendissantes en 2021-2022, à tel point que le club des West Midlands envisage de trouver un point de chute pour son joueur au marché hivernal. Au courant des difficultés de longue date dans les négociations sur la prolongation de contrat d’Ousmane Dembélé, Joan Laporta saute sur l’occasion et propose un deal : six mois de prêt non payant avec une option d’achat non obligatoire fixée à 30 millions d’euros.
Malgré l’intérêt naissant de Tottenham en parallèle, le marché est conclu. Traoré est présenté au Camp Nou avec le numéro 11, ancienne propriété de Neymar et... Dembélé. Avec la signature de Ferran Torres fin décembre, le Barça piloté par Xavi, ancien coéquipier d’Adama Traoré entre 2013 et 2015, s’offre ainsi un deuxième ailier de poids international et aborde la deuxième partie de saison avec plus d’expérience dans ses rangs.
«?J’étais très heureux de pouvoir observer Xavi, racontait l’intéressé la semaine dernière. Je voulais connaître son parcours et écouter ses conseils pour parvenir à l’équipe première. Je profitais de chaque instant. Ce n’était pas facile à l’époque, car l’équipe B s’entraînait au Mini Estadi, à proximité du Camp Nou. Aujourd’hui, avec le stade Johan-Cruyff dans le complexe sportif, c’est plus simple pour eux de nous parler.?»
Le cauchemar de l’Atlético
Si tout n’est pas encore parfait dans ce Barça, Xavi peut avoir le sourire avec le retour d’un produit de La Masia passé du XS au XXXL. Désireux de contrôler le ballon, mais pas assez tranchant au moment de créer le déséquilibre, le club catalan détient en Adama Traoré un homme capable de bousculer les principes. Pour son come-back chez les Culés, l’attaquant a fait passer un sale moment à l’Atlético de Madrid (4-2). Diego Simeone a bien tenté de coller successivement Mario Hermoso, Thomas Lemar et Reinildo pour un marquage en deux-contre-un sur le colosse d’origine malienne, rien n’y a fait.
Comme en témoigne le deuxième but barcelonais où Traoré a mis Koke le nez dans la pelouse avant d’envoyer un centre sur la tête de Gavi, les socios se sont rapidement rendu compte que les moqueries issues des réseaux sociaux sur le profil étiqueté «?poulet sans tête?» de Traoré étaient comme trop souvent exagérées.
«?Pour revenir chez soi, il faut parfois prendre des chemins différents, conclut le footballeur dans son costard bleu. Le plus important, c’est que l’objectif soit toujours clair, et je voulais revenir ici depuis le début. Le Barça est ma maison et quand ils m’ont contacté pour me dire que c’était possible, j’ai pris la décision très rapidement.?» Voilà au moins deux bonnes épaules sur lesquelles le Barça ferait bien de s’appuyer à l'avenir.
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