L’association des footballeurs ivoiriens (AFI) se mobilise pour aider ses adhérents en difficulté financière alors que les championnats sont à l’arrêt depuis deux mois. Entretien avec son président, l’ex-défenseur Cyril Domoraud.
Le confinement n’est pas total en Côte d’Ivoire, le couvre-feu a récemment été levé, mais de strictes mesures sanitaires sont appliquées pour empêcher le coronavirus de se répandre. Toute pratique sportive est interdite jusqu’au 31 mai, le football s’est arrêté, plongeant les joueurs professionnels dans une situation parfois préoccupante. Car les clubs ont pour la plupart, cessé de leur verser leurs salaires. L’AFI présidée par l’ancien capitaine des « Eléphants » Cyril Domoraud, tente de les soutenir. Entretien avec cet ancien défenseur passé par l’Olympique de Marseille, Monaco ou l’Inter Milan.
« Les joueurs ont besoin d’aide, car les clubs n’ont pas pu leur verser leur dû. Nous avons perçu leur détresse, et grâce à un donateur qui soutient l’AFI, Idriss Yacine Diallo, nous avons réuni 10 millions de FCFA (15.000 euros) pour leur offrir des bons d’achat de 13.000 FCFA (20 euros). Bons distribués à travers les 38 clubs de Ligue 1 & 2, pour qu’ils puissent acheter des denrées alimentaires essentielles. Cela concerne près de 1.200 joueurs. »
RFI : Cyril Domoraud, pourquoi les clubs ne versent-ils pas leurs salaires à leurs joueurs ? Les droits télé avaient pourtant déjà été versés !
Cyril Domoraud : Parce qu’ils sont, pour la plupart, en grande difficulté. Nous nous sommes réunis avec la Ligue professionnelle de football (LFP), pour essayer de faire verser les salaires. Les clubs ont proposé la moitié seulement des mensualités de mars et avril. Or, ici, les joueurs de nos championnats ne touchent pas énormément d’argent. Une moyenne de 150 à 200.000 francs CFA. Nous, AFI, avons donc mobilisé une chaîne de solidarité. Maintenant, la LFP espère l’aide du ministère des Sports, et de la Fédération ivoirienne (FIF) grâce à la FIFA.
Tous les clubs sont-ils en difficulté ?
Les joueurs souffrent, les clubs aussi. La situation n’est pas la même pour tous. Une institution comme l’ASEC rémunère ses joueurs, mais l’Africa Sports passe par un moment difficile. Nous avons pourtant une nouvelle génération qui émerge à la direction des clubs, mais tout est encore très fragile. Il faudrait tout réorganiser, que l’État soutienne les clubs.
Dans une longue « causerie » vidéo, le Burkinabé Aristide Bancé, ancien de l’ASEC Mimosas, plaide la cause de joueurs ivoiriens qui selon lui, sont mal payés et mal considérés par les présidents de clubs, qui accumulent les arriérés de salaires. Est-ce vrai ?
Il a raison de prendre la défense des joueurs, mais je crois que cela ne concerne pas les clubs de la Ligue car ils sont obligés de payer au minimum le SMIG (60.000 FCFA). Et à l’AFI nous n’avons pas eu de plaintes.
Le championnat s’est arrêté à 6 journées de la fin. Doit-il reprendre, même à huis-clos ?
Mieux vaut mettre un terme à la saison, car nos joueurs sont arrêtés depuis deux mois et il faudra au moins un mois de réathlétisation pour disputer six journées. Il y a trop de risques de blessures. Le RC d’Abidjan sera logiquement sacré champion devant San Pedro et l’ASEC.
Bientôt aura lieu l’élection d’un nouveau président à la FIF, avec trois candidats: quel est le vôtre ?
On va se prononcer au moment opportun. On a déjà rencontré Sory Diabaté, actuel président de la LFP, et Idriss Yacine Diallo. Nous verrons bientôt Monsieur Drogba. Ensuite, nous déciderons... Vous le saurez bientôt !
Vous l’ancien défenseur de l’OM (1997-1999), comment voyez-vous la situation actuelle du club ?
L’OM est mon club de cœur, celui qui m’a révélé, et je suis peiné d’entendre que Marseille a toujours des soucis. Les joueurs se battent pour la qualification en Ligue des champions, mais l’équipe va perdre des cadres pour renflouer les caisses. Qu’est-ce ça donnera en match européen ? Se séparer des meilleurs avant est dramatique. Ce serait bien que l’OM puisse vraiment concurrencer le PSG !
Si par magie, vous pouviez rejouer la saison prochaine, quel entraineur et quel club choisiriez-vous ?
J’aimerais avoir Laurent Blanc car durant trois années ensemble, quand nous partagions la même chambre, je l’ai vu après chaque entraînement, prendre des notes, se préparer. Pour moi, il est le meilleur entraîneur de France, grâce à son intelligence et sa vision du jeu. Alors ce serait l’OM coaché par Laurent Blanc ! Un jour peut-être le verra-t-on sélectionneur des « Eléphants » !
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