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Sport

Interview / Présidence de la Fif – Sangaré Mohamadou: "Pourquoi je rejoins Didier Drogba?"

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Sangaré Mohamadou Vakaba, président d'honneur des entraîneurs et éducateurs de Côte d'Ivoire et membre de l'équipe de campagne de Didier Drogba

Footballeur international, membre de l’encadrement technique et entraîneur de l’Africa Sport d’Abidjan, président des entraîneurs et éducateurs de Côte d’Ivoire, puis journaliste et consultant sportif, Sangaré Mohamadou Vakaba est un érudit du football ivoirien. En homme averti, cet ancien proche de Jacques Anouma, a rejoint Didier Drogba dans la conquête de la présidence de la Fédération ivoirienne de football (Fif).

Dans cette interview, M. Sangaré explique le bien-fondé de son choix et l’opportunité que représente le candidat Drogba pour le football ivoirien, tout en jetant un regard critique sur le projet de l’un de ses probables adversaires qui n’est autre que Sory Diabaté, actuel président de la Ligue professionnel de football.  

Par Pierre Ephèse 

Ivoirematin.com : M. Sangaré Mohamadou, vous êtes un acteur et un observateur du football ivoirien de longue date. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur ce football ?

Sangaré Mahamadou : Durant ces 30 dernières années, le football ivoirien a rencontré d’énormes difficultés. Toutefois, La période du président feu Dieng Ousseinou nous a valu beaucoup de trophées dans les compétitions de clubs. L'Asec, l'Africa, pour ne citer que ces ténors de cette épopée. Ensuite en 2002, monsieur Jacques Anouma est porté à la tête de la Fédération ivoirienne de football et est reconduit par la suite pour un second mandat. Le football ivoirien a toujours eu un problème récurrent dans sa gestion car ce sont les mêmes entités qui ont dirigé cette fédération. Nous avons eu affaire très souvent à un jeu de chaise musicale. Sinon le système est resté le même. En matière de vision footballistique, il y a donc un grand déficit à ce niveau.

 

Néanmoins il y a eu de grandes mobilisations markéting et sponsoring…

C’est vrai qu’on a connu de grandes mobilisations markéting et sponsoring, mais cette manne financière acquise n’a réellement  pas pu  rejaillir sur la gestion du football ivoirien. Si nous mettons en adéquation les entrées financières et la gestion des hommes et des athlètes ainsi que toutes les structures qui foisonnent autour de la Fédération ivoirienne de football, Nous avons un pincement au cœur. Il y a beaucoup de carences dans celle-ci. C’est pourquoi, il faut faire aujourd’hui table rase du passé.

 

Qu’est-ce que vous reprochez exactement à l’équipe dirigeante actuelle ?

Avec l’équipe dirigeante actuelle nous avons des championnats qui démarrent et qui finissent dans le temps avec la FIF sans qu’elle se soit acquittée de tous les versements de la subvention aux clubs. Elle reste donc devoir aux clubs d’une année sur l’autre, ce qui est interdit par les règlements de la FIFA. Quand vous payez une subvention à un club après la compétition, elle sert à quoi ? Car  l’argent doit servir à l’entretien des athlètes, à payer les salaires, à maintenir un environnement de football propice à la pratique. Quand vous versez  ces subventions à vos clubs en fin de championnat cela a un impact direct sur le rendement des équipes.

C’est pourquoi aujourd’hui, la candidature de Didier Drogba et sa vision du football est une chance pour notre pays. Son entrée en scène dans la campagne FIF 2020 apporte déjà son lot d’oxygène au niveau de la réflexion. C’est donc quelqu’un qui vient du football mondial avec qui on peut construire quelque chose de nouveau. On peut mettre une base nouvelle pour un nouveau départ. D’où le sens de notre adhésion à sa vision innovante et réaliste.

 

Les autres candidats déclarés font aussi des propositions non moins alléchantes, n’est-ce pas ?

C’est vrai, les uns et les autres font aujourd’hui des propositions alléchantes, mais pourquoi ne l’avaient-ils pas fait ces 20 dernières années. Ils occupent pourtant des positions dominantes à la FiF.  Quand on est président de la ligue professionnelle pendant ces 15 dernières années ce n’est pas rien. On a un impact direct sur la gestion et son fonctionnement. Pourquoi ils n’ont jamais fait de propositions qualitatives ? Et pourquoi devons-nous croire à ces incantations ?  Il ne faut donc pas se tromper. Je dirai donc aux membres actifs que pour cette vision globale, on a besoin de nouveau sang. On ne peut faire du neuf avec du vieux. Didier Drogba est quelqu’un du milieu, peu importe ce que peuvent dire certains détracteurs, nous pensons qu’au niveau de la FIF, nous avons une liste de 18 personnes y compris le président. C’est donc de façon collégiale que les décisions se prennent et ces décisions arrivent aux organes décentralisés de l’institution. Il ne faut donc pas avoir peur, Didier Drogba est bel et bien à sa place et nous devons l’accompagner.

 

L’actualité aujourd’hui c’est naturellement la succession de Sidy Diallo à la tête de la FIF et la pré-campagne bat son plein. Quelle analyse en faites-vous ?

Je pense que quand on a vécu dans ce milieu, qu’on a été un acteur important et qu’on a vécu différentes élections de la FIF, on ne peut qu’éclairer par des conseils les différents acteurs du football ivoirien. Aujourd’hui quand on regarde la situation de la pré-campagne, on se demande pourquoi tant de méchanceté ? Quand on sait que tout le monde a géré, et que tout le monde a fait ce qu’on a connu, il est bon qu’on se mette ensemble pour donner un nouveau souffle à notre football. On doit œuvrer tous ensemble pour le football ivoirien, pour la victoire de la Côte d’Ivoire.

Ceci dit, M. Sidy Diallo  a eu le  bon sens, la bienséance de prendre une décision historique. Se retirer et ne pas aller à sa propre succession. Je crois que c’est à son honneur. Il faut saluer cela à sa juste valeur. Dans le même temps, il faut permettre que ce changement se prolonge et nous amène au renouvellement des hommes au niveau fédéral. Les entraineurs le savent très bien, on n’améliore pas la performance sur fond de fatigue. Ça veut dire que quand des personnes sont  intellectuellement fatiguées, ils ne sont plus créatifs. Faire donc 15 ans, 20 ans dans un fauteuil sans les collaborateurs compétents mène à la sclérose dans la gestion au quotidien. Notre football se trouve à une période charnière de son existence avec un fond jamais atteint. Même ceux qui le gèrent aujourd’hui savent que son niveau actuel ne milite pas en  leur faveur. « Décadence ».

 

Il est vrai que l’on connaît votre sensibilité, mais de façon objective, qui a le profil idéal pour diriger notre football ?

Aujourd’hui le profil idéal, comme vous avez parlé de sensibilité, est la liste conduite par Didier Drogba à laquelle j’adhère sans réserve. En face il y a le groupe conduit par Idriss Diallo Yassine  et celui conduit par Sory Diabaté. Des trois groupes, il faut tout de suite arrêter la cacophonie. On connaît tout le monde, on connaît les potentialités de chacun. Aujourd’hui le football ivoirien a besoin d’impulsion nouvelle. Et cette impulsion ne peut être donnée que par quelqu’un qui peut insuffler au plus haut niveau cette dynamique dont pourrait bénéficier le football local. La notoriété qu’a connue la Côte d’Ivoire avec Drogba, Yaya, Kolo et autres, si nous avions eu des personnalités influentes à la tête de notre football, nous aurions pu obtenir de nombreuses positions de consultants, de techniciens au niveau de la faitière africaine et de la FIFA.  En langage simple, nous aurions pu occuper des postes dans les instances internationales qui auraient eu à n’en point douter des retombées sur le football local.

Aujourd’hui, il nous ait donné de constater que ce sont les mêmes que nous avons à la fédération  que nous voyons tout le temps partir être consultant FIFA, consultant CAF. A croire que le monde se résume à eux. Il faut donc donner un nouveau souffle à ce football et permettre que le profil que nous voulons sans aucun doute DD (Didier Drogba), puisse permettre à ce football-là de s’autofinancer. En un mot aller vers son autonomie. Je constate qu’on annonce des compétitions ici et là de jeunes, de décentralisation de structures, de créations de ligues régionales, de districts. Ce sont des organes décentralisés de la FIF, mais sans toutefois nous dire les sources de financement. Ils les financent comment ? Ils prendraient l’argent où ? Vous avez déjà géré et on a vu les difficultés que les clubs ont connu rien qu’avec la subvention annuelle de 2 milliards 220 millions. C’est-à-dire les deux ligues 1 et 2, la division 3 ; selon l’attribution qui est faite, ligue 1 c’est 75 millions, 25 millions pour la ligue 2 et 15 millions pour la D3. Nous sommes à 2 milliards 220 millions. Si vous avez eu des difficultés à gérer cette manne financière, et ce n’est que la subvention des clubs, qu’en serait-il du nouveau projet que vous proposez qui la fait passer à 4 milliards ? Didier pour nous reste donc le profil idéal.

 

Pour vous Drogba est certes le profil idéal, mais pour quelques personnes, son manque d’expérience en tant que dirigeant reste un handicap. Que leur répondez-vous ?

Drogba n’est pas celui qui va venir gérer les clubs. Le rôle premier de Drogba c’est de permettre à la fédération d’avoir les moyens de sa politique, de permettre au football et aux footballeurs de s’épanouir, aux dirigeants d’avoir les moyens de s’occuper de leurs clubs et d’accompagner le championnat dans les meilleures conditions. C’est un Monsieur qui ira chercher ce qu’il faut pour son pays. En même temps il a des collaborateurs. Dans chaque corps de métier du football, il y aura des hommes compétents, très pointus en matière scientifique, en matière technique pour lui permettre d’avoir les bonnes appréciations du moment. C’est donc un faux débat. A la FIFA ce n’est pas Infantino qui gère les arbitres, à la Caf ce n’est pas Ahmad qui gère les arbitres. Il y a une commission qui s’en occupe. Ce sont des commissions spécialisées qui analysent les cas conformément aux textes de la FIFA, et qui rendent compte. Didier Drogba ne sera qu’un gestionnaire en chef de l’institution fédérale. Mais ce gestionnaire qui est accompagné d’hommes et de femmes compétents pour lui permettre d’avoir la saine appréciation de tout ce qui se passe ou peut se passer dans le football. Sinon le reste ce n’est que de la délation gratuite.

 M. Sidy Diallo Président sortant,  quand il venait n’avait jamais été président de club. Mais de loin, il a eu le meilleur résultat qu’Anouma qui a été président de club. Sidi a remporté une CAN des cadets en 2013, une CAN séniors en 2015. C’est dire qu’il ne faut pas forcément partir de ramasseur de balles pour être président de fédération. Mais Didier Drogba a l’avantage de venir de la haut, du monde du football professionnel. C’est un produit du football mondial. Sa carrière, sa gestion de vie, de ses affaires administratives édifient. Il a fallu bien s’organiser et mettre des hommes compétents aux postes clés autour de lui pour le rendre perfectible et compétitif. Au niveau national, il peut asseoir un collectif de sachants, de connaisseurs et de compétences pour permettre d’avoir ensemble un avenir radieux. Didier Drogba, sa carrière parle pour lui. Et à partir de cette carrière brillantissime, on peut se tourner vers la FIF.


A propos, il y a Kalou Bonaventure qui en a mis une couche lors d’une intervention sur l’une des chaînes de la RTI en disant que, ce n’est pas parce qu’on a été un grand joueur qu’on sera forcément un bon dirigeant de fédération. Comment réagissez-vous à cela ?

C’est son approche à lui. Mais aujourd’hui lui il est maire. Est-ce qu’il a eu des cours de gestion de collectivités avant de postuler? Je dirai non. Mais nous l’apprécions tous dans ce rôle de maire qu’il a aujourd’hui. On est fier de le voir maire de Vavoua puisque c’est l’un des nôtres qui a su se réaliser dans sa reconversion. C’est une fierté pour nous. Mais de grâce, qu’on laisse Didier Drogba apprécier sa reconversion. Personne n’a dit à Kalou ce qu’il devrait faire. Quand il s’est déclaré candidat à Vavoua, on ne lui a pas dit : « Tu n’es pas du milieu politique il ne faut pas y aller ». Il y est allé parce qu’il y croyait et il a gagné. Aujourd’hui, il est la fierté de tous et même tous ceux qui lui disaient de ne pas y aller certainement. Qu’il respecte donc le choix de son ex coéquipier et de son jeune frère Didier Drogba qui arrive du football mondial et qui pense qu’il peut apporter quelque chose au football national.

On doit donc fédérer autour de lui pour lui permettre de nous aider à  réaliser tous nos projets que nous n’avons pas pu concrétiser depuis des années. Je pense que Didier Drogba est cette force motrice qui peut propulser la locomotive du football ivoirien. Parce que cette force-là manquait au plan du football local. Et le fait qu’il nous vienne de façon désintéressée, c’est la plus-value y compris son programme innovant qui le différencie des autres candidats. Drogba Didier n’est pas dans les mêmes dispositions que ceux qui ont jusque-là eu la gestion de la FIF. Drogba Didier a un potentiel, il a un acquis relationnel et financier énorme. Ce serait donc de lui faire un faux procès que de lui dire qu’il n’est pas légitime à être candidat à la présidence de la Fédération ivoirienne de football.


"Le projet de Sory Diabaté ne tient pas la route"



 Sangaré Mohamadou Vakaba décortique le projet de Sory Diabaté

Parmi les candidatures annoncées il y a celle de Sory Diabaté qui s’annonce comme « l’héritier » de Sidy Diallo. Quelle est votre appréciation de cette candidature ?

A la limite je dirai c’est normal surtout quand on a fait 20 ans dans une institution en tant que N° 2 ou N° 3, ayant un impact direct sur son fonctionnement, on veut par la suite aller à la dernière marche. Mais, M. Sory Diabaté a mis beaucoup de temps à réaliser cela, préoccupé qu’il était par son parcours personnel. Il aurait pu s’ouvrir aux présidents avec lesquels il a travaillé étroitement pour faire des propositions concrètes. Or que non, il se dévoile aujourd’hui en proposant un ramassis de solutions au football ivoirien.

Mais si vous n’avez pas pu apporter le changement à ce niveau, si vous n’avez pas pu insuffler sur le cours des choses à ce moment-là, alors pourquoi le feriez-vous maintenant 20 ans après. Il ose donc dire aujourd’hui qu’il est candidat. Mais en même temps, son passé plaide contre sa candidature en matière de gestion fédérale.  Et M. Sory dans un passé très récent, doit savoir que les mannes financières dont dispose la Fédération ivoirienne de football, qu’en accord avec les institutions financières, peut permettre de faire des paiements réguliers toute la saison aux clubs concernant les  subventions. Comme je l’ai dit plus haut, on a connu des fins de championnat où la FIF reste devoir aux clubs, deux mois, trois mois, voire cinq mois de subvention. Il faut se poser la question de savoir si cette personne est à même de conduire un projet contenant une hausse significative de la subvention. Il est un agent de banque professionnel, il gère une compétition, et il se trouve que par rapport à la manne financière qu’il a à sa disposition, il est arrivé qu’il soit très souvent en rupture de fonds au niveau des subventions.

 Il y a donc un problème réel de compétence. Puisqu’il n’est pas issu de la famille des techniciens de football, sa formation d’agent de banque aurait pu être un atout pour notre fédération. On ne devrait pas connaître de soucis à ce niveau. Aujourd’hui encore, on a des échos de paiements difficiles et des clubs qui entrent difficilement dans leur dû. Il veut innover avec quoi ? Même des clubs qui vous soutiennent semble-t-il, ont eu les mêmes difficultés de paiements. Ce n’est pas quand vous allez majorer toutes les subventions qu’on va croire en votre étoile. Il faut donc que les acteurs du milieu fassent très attention. On est à un tournant très décisif. L’argent qui est mis à la disposition des clubs de la ligue 1, ligue 2 et D3, pour ne citer que ceux-là, est de 2 milliards 220 millions. Je ne parle pas du football féminin. L’argent est infime à ce niveau puisque, c’est 2,5 millions par club. Ils sont donc autour de 10 millions, 15 millions maximum au niveau du football féminin. Et aujourd’hui dans son nouveau projet, il majore les 2 milliards 220 millions en question à 4 milliards.

 

Parlant de ce projet, Sory Diabaté en a fait une large diffusion en début de semaine. Vous semble-t-il pertinent et réaliste ?

Oui mais le projet en lui-même ne tient pas la route. Parce qu’un projet ne tient que par sa capacité d’exécution sur le plan financier, les ressources mises en face. Or dans le cas d’espèce, M. Sory Diabaté ne nous informe pas de la façon dont sera financé son projet.  Ça ne tient pas la route. Il nous a sorti un très long projet où il a décliné beaucoup de choses mais sans toutefois nous dire comment il les financerait. Où est-ce qu’il prendrait l’argent ? Il faut noter que les subventions actuelles de la ligue 1, ligue 2 et de la division 3 sont à 2 milliards 220 millions. Et à côté de cela, il y a la masse salariale au niveau de la fédération elle-même. Il y a aussi la gestion de toutes les compétitions qui ont un coût. On ne nous dit pas mot. Pis, il nous dit qu’il veut créer des ligues régionales avec en leur sein des districts. Mais ce sont des institutions permanentes que vous allez créer. Vous les faites fonctionner avec quoi et comment ? Où vous prenez les ressources ?

Selon ses propositions, juste pour les trois compétitions, nous sommes à 4 milliards d’investissements. Mais, les 4 milliards il faut aller les chercher. Où est-ce qu’il prend les 4 milliards ? Parce qu’il accroît le nombre de compétitions. Cela va sans dire que les charges aussi vont avec. Où est-ce qu’il tirera ces ressources additionnelles ? Déjà qu’il n’a pas pu gérer une saison normale. Il nous parle de coopter des groupements d’intérêts, 40 personnes par groupement pour collaborer avec le Comité exécutif (Comex). Il faut faire attention ! Le football doit tenir le cap. Les groupements d’intérêts ce sont des GI spécialisés. Ce sont donc des personnes qui ont pour vocation dans un premier temps à être près du terrain, donc à être  affectés dans les structures d’organisation des compétitions sur le territoire national.

 C’est-à-dire qu’ils doivent siéger à la ligue professionnelle. Ils doivent être ceux-là même qui travaillent sur les orientations qui permettent à la ligue professionnelle de prendre des décisions. Partant de là, tous les démembrements qu’on aura dans les différentes ligues et districts, il faut utiliser leurs compétences dans ces secteurs-là. Ceci dit, vous avez des présidents de groupement d’intérêts de notoriété, de compétences avérées et reconnues qui sont en fin d’exercice et qui peuvent être cooptés au niveau du Comité exécutif. Secondo, M. Sory Diabate nous parle d’un Comité exécutif de 25 membres. Ecoutez, on nous a souvent appris, à travers nos différentes formations, que la quantité détruisait la qualité. Les gens doivent répondre à des critères précis. Quand on établit un comité exécutif, on tient compte des organes à mettre en place et du rôle des uns et des autres si possible. A ce que je sache, dans une fédération nationale de football, les organes vitaux ne dépassent pas 10.

Quand on va parler de tout ce qui est commission de discipline, commission de recours, etc., ça ne dépasse pas. Il faut donc faire très attention ! 17 ou 18 c’est bon, maintenant il faut savoir ce qu’on fait du reste. Parce qu’apparemment  il décline 19 membres. Mais les 19 membres il les utilise à quoi faire ? Faire la campagne ? On n’en sait rien, il n’explique pas. C’est vrai aussi qu’il parle de 5 vice-présidents. Je vous rappelle que la CAF elle-même, notre faîtière principale, en a 3. Et la Caf est continentale. Sur cette base-là, il y a des missions et attributions. Chez nous, si on sort de ce que nous avons connu comme difficultés organisationnelles et de gestion, on doit avoir une équipe de combat, une équipe réglée pour relever des défis. Et ces défis-là sont des défis organisationnels, de compétitions, de formations, des défis en tous genres pour permettre de repositionner le football. Le candidat Didier vient avec un projet qui permet d’espérer en des lendemains meilleurs pour les anciens du football, pour les entraîneurs, pour les arbitres, pour les médecins et même des joueurs en activité et surtout pour les présidents des clubs. Le cahier des charges  contiendrait des exigences et permettrait de relever le niveau de notre Football en harmonie avec la nouvelle loi sur le sport.

1)      M. Sory Diabaté parle d’un projet de refonte des statuts et règlements de la FIF.

2)      Il parle aussi de traduire cette volonté d’innovation en acte par une refonte des dispositions statutaires et des textes de la FIF.

3)      Il parle de purger toutes les anomalies et difficultés découlant des dispositions actuelles.

En un mot le sieur Sory Diabaté après 20 ans de gestion se rend compte subitement que les statuts élaborés en 2 pré-AG en 2011 sont désuets, obsolètes et qu’il faille procéder à sa refonte. Je rappelle que M. Sory Diabaté est de ceux qui, à chaque AG transcrit les amendements et veille à la rédaction des différents textes. Il a été régulièrement à la manette et au pupitre pour annoncer ces modifications contenues dans les statuts et règlements de la FIF. Aujourd’hui, il nous informe de ce que son engagement sur ces 20 dernières années a été un échec patent. En annonçant la refonte des nouveaux textes édités seulement en 2011 puis amendés en 2015, il finit d’édifier tous les acteurs du football de l’échec du système de gestion et de gouvernance actuel. C’est la preuve aujourd’hui, qu’il est bon que les acteurs du football Ivoiriens se donnent la main pour passer à autre chose de novateur, le projet Didier Drogba.

 

Justement il fait mention d’un cahier des charges à imposer aux clubs dans son projet…

Bon, il s’en souvient du coup ! Mais tardivement. Parce que le cahier des charges permet, d’insuffler une exigence dans l’organisation et le travail. Quelque part les contenus des matchs gagneraient en qualité. Et si ces règles-là peuvent être appliquées par tous, ça permet aux équipes d’être à un niveau conséquent et d’avoir un fonctionnement aux standards recommandés. M. Sory Diabaté a passé 20 ans tranquille, et il y a quelqu’un d’autre qui vient avec un projet novateur, il y jette un coup d’œil, il essaie de comprendre, il voit qu’il est dépassé, alors il actualise ses connaissances.

 

Pensez-vous qu’il a fait du copier-coller du projet de Drogba ?

Moi je dirais qu’il a actualisé son projet. On n’a donc pas à se laisser avoir là-dessus. J’ose espérer que tous les acteurs comprendront le gros piège auquel ils font face. C’est un gros piège. Faisons très attention ! Mais de grâce, qu’il ne propose pas ce qu’il ne peut pas tenir. C’est ça aussi la vérité. Pour ce qui est du projet Sory, quand vous sortez des subventions, encore que là il faut trouver les ressources additionnelles afférentes, tout le reste n’est que de l’incantation. Quand on a fait 20 ans dans une structure, ce sont les choses qu’on a expérimentées petit à petit qui prennent forme. Mais subitement l’on vous découvre aujourd’hui avec  un projet de campagne, qui ne dit pas son nom, juste pour plaire. C’est en cela que j’attire l’attention des uns et des autres surtouts des membres actifs quant à la légèreté du projet Sory au plan financier. Relisez bien son document. Il est même étouffant eu égard au remplissage dont -il a fait preuve.  Ce programme n’est nullement chiffré à part la déclinaison au chapitre des subventions. C’est vrai qu’il a essayé d’avoir une certaine clarté. Mais il est étouffant parce qu’il est long et chargé. Là, il nous parle d’un hôtel à Bingerville, R+2, R+4, qui va bientôt être un patrimoine de la Fif. C’est ce que j’appelle de l’incantation. Il y a des choses qui sont dites sans qu’on sache le comment et le pourquoi de l’aspect financier. Pour un agent des banques, il aurait pu nous sortir quelque chose de concis avec des montants prévisionnels afin de situer les sportifs. 

 

Il a également abordé la question de la formation des jeunes. Qu’en dites-vous ?

Vous parlez de formation de jeunes alors que vous avez fait 20 ans sans organiser un jour une compétition de jeunes. Parce qu’il y a la compétition et la formation. Alors il faut faire le distinguo. La formation c’est d’abord d’avoir des cadres compétents et bien formés pour avoir une ligne directrice de conduite par rapport à une formation qu’on veut élitiste pour le pays. Et l’aboutissement de cette formation, se trouve dans les compétitions que la fédération organise. Et ça encore il faut mobiliser des fonds. Vous voyez déjà là où nous en sommes ! Financièrement il ne peut pas. Il ne faut pas avoir la langue de bois. Il faut avoir des appuis. On ne dit pas que Didier viendra jeter de l’argent, mais il a un portefeuille relationnel qui lui permet de boucler un certain nombre d’accords qui permettront à ce football-là d’aller de l’avant. Et ça c’est très important. Avec tout ce qui est décliné, il faut vraiment avoir les moyens de suivre toutes ces activités aussi bien sur le plan organisationnel que financier. Il faut pouvoir suivre la cadence.  

 

"Je demande qu'on accompagne tous Didier Drogba"


L’équipe de Didier Drogba vient de se renforcer avec l’arrivée d’Eugène Diomandé. Comment accueillez-vous ce ralliement de celui que l’on surnomme Le Magicien ?

Disons qu’Eugène est un frère. Quelqu’un avec qui nous avons partagé beaucoup de positions par rapport aux différentes campagnes de Fif passées ; et je ne suis pas surpris puisque j’en ai parlé avec lui. Je connaissais ses positions. Je savais donc ce qu’Eugène peut faire et ce qu’il ne peut pas faire. En tout cas je savais, j’avais foi en lui. Et je savais qu’à un moment donné il se déciderait à faire le bon choix. En ce qui me concerne, il a fait le bon choix. Nous espérons qu’on pourra travailler à repositionner ce football ivoirien.

 

Doit-on s’attendre à d’autres ralliements, notamment les membres du GX avec à leur tête Armand Gohourou ?

Le président Armand Gohourou j’avoue que c’est un proche. C’est quelqu’un avec qui j’échange régulièrement. Mais on s’attend à ce qu’il vienne dans cette vision rassemblée du football que porte Didier Drogba. Qu’ensemble avant d’arriver à l’élite, qu’on travaille pour le football de masse afin qu’on puisse former des jeunes de qualité depuis des régions jusqu’à Abidjan.

 

Revenant à Kalou, il a justifié son choix de ne pas soutenir Drogba, par le fait que celui-ci est venu le voir en retard et qu’il respecte sa parole donnée à Malick Tohé qui a rejoint l’équipe d’Idriss entre-temps. Quelle appréciation avez-vous de cette explication ? Est-ce à dire que Didier Drogba tarde à ratisser large ?

Kalou sait de quoi il parle. Je dirai tout simplement que le candidat Didier lui-même ne s’est pas prononcé sur le sujet. Publiquement à ma connaissance. Même dans les séances de réunion il n’en a pas parlé. Je suppose donc que nous sommes aujourd’hui dans une phase de reconstruction. Même si nous avons quelques éléments d’appréciation, nous avons souhaité que les uns et les autres rapprochent les positions qu’ils ont bien voulu prendre pour sportivement se lancer dans la bataille. On peut ne pas venir peut-être te voir à temps. Mais quand tu acceptes la rencontre et tu ne dis pas à la personne séance tenante « non je ne suis pas avec toi », mais tu dis « comme j’ai entendu tout le monde je vais réfléchir et je vous reviens». Cela signifie que l’argument de « il n’est pas venu vite-là », ne semble plus être d’actualité. Je me fonde donc sur ce seul aspect là pour dire qu’il faut dépasser tout ça. Ce qui est important c’est le football ivoirien.

 

Voulez-vous dire que ces raisons évoquées sont justes des prétextes ?

Kalou comme je le dis c’est un jeune frère que je connais très bien, que j’apprécie. Il faut donc arrêter de tirer inutilement les uns sur les autres et qu’on se consacre à ce football-là. Aujourd’hui, ce n’est pas parce que Didier Drogba est dans la campagne, que tout le monde doit devenir subitement le génie qui peut apporter une plus-value à ce football. Ça fait longtemps que nous sommes là et nous avons vu tout le monde à la tâche. Son arrivée ne doit donc pas susciter autant d’intérêt négatif. Il faut au contraire accompagner ce grand athlète qui a apporté à notre football, à notre sélection, une grande notoriété. Et aujourd’hui il compte parmi les hommes les plus influents au monde. C’est déjà un atout important.

Aujourd’hui vous avez quelqu’un qui dans son domaine de compétence a de l’influence, il a de l’influence à l’échelle mondiale. Mais pourquoi voulez-vous laisser cette personne au profit d’une influence locale ? Ça n’a pas de sens. C’est de la sorcellerie. Quand on travaille en interne, c’est pour s’ouvrir à l’international. Et nous avons quelqu’un d’une audience internationale en la personne de Didier Drogba avec qui nous  pouvons atteindre le perfectionnement. C’est en cela que je demande à tout le monde de revenir à la raison, et qu’on accompagne le candidat Didier Drogba pour permettre à notre football de sortir de l’ornière.

 

Sangaré Mohamadou et Didier Drogba

Nous arrivons au terme de notre entretien, qu’est-ce qui se fait aujourd’hui en ce qui concerne la campagne de Didier Drogba ?

Honnêtement pour ce qui est de la campagne, nous allons à petits pas. Le plus important aujourd’hui c’est le Covid 19 sur lequel tout le monde est concentré, y compris les plus hautes autorités de ce pays. Et donc Didier n’est pas en marge. Il est un acteur important de ce mouvement-là. Il est sur le terrain avec son équipe qui au four et au moulin soulage un tant soit peu les populations, les couches les plus défavorisées. Sa mission de solidarité qu’il s’est assigné, d’apaiser des familles en difficultés le préoccupe au plus haut niveau. Sur ce point, il ne relâchera pas sa contribution. Maintenant l’évolution du Covid nous permettra de savoir peut-être de quoi seront faites les prochaines étapes. En même temps, je demande aux présidents de clubs, aux GI, en somme tous les membres actifs, de faire attention aux différentes propositions qui leur sont offertes. Je pense que l’arrivée de Didier Drogba dans cette campagne, est inédite, souhaitable et est une chance pour la Fédération ivoirienne de football. Il faut qu’on puisse saisir cette chance-là pour emmener notre institution à avoir une certaine autonomie.

Déjà en élisant Didier Drogba, sans que vous soyez sortis de la salle, votre subvention, de la première ligue à la D3, passe du simple au double. C’est-à-dire toutes les subventions sont doublées. Mais quand il dit qu’il double il y a le financement déjà qui est prêt. Et concernant l’acquisition des cars, j’ai vu le document de Mr sory en la matière qui stipule qu’il émet une garantie bancaire alors que Didier Drogba offre les cars avec une ponction de 30% de la valeur du car. Il y a donc des opportunités qui vont s’ouvrir dans l’immédiat, surtout la construction de stades dignes de ce nom à capacités réduite, modulable. Le financement est déjà acquis. Cela permettra aux clubs de compétir véritablement à  domicile dans leurs propres stades. Quand on le dit, ce ne sont pas forcément des stades de 50000 et 40000 places, mais des stades de 150000, 10000, 5000 voire 6000 places. Les choses sont claires. Il ne faut pas se tromper. Didier Drogba ne pourra pas proposer ce qu’il ne peut pas tenir.

 

 

 

 

 

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