Patrick Mboma s’inquiète au sujet des préparatifs pour la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations 2019 dans son pays, le Cameroun. L’ex-attaquant des « Lions Indomptables » tire la sonnette d’alarme à 18 mois de la CAN 2019, alors que l’Algérie a déjà manifesté son souhait d’organiser la compétition, si elle est réattribuée. Entretien.
RFI : Patrick Mboma, vous venez de tirer le signal d’alarmes concernant la tenue de la CAN 2019 au Cameroun. Qu’est-ce qui vous pousse à réagir aujourd’hui ?
Patrick Mboma : J’ai vu que le président de la Fédération algérienne avait glissé un mot au président de la Confédération africaine de football, en lui expliquant que, s’il le fallait, il se porterait candidat à l’organisation de cette compétition. Or, on sait que cette CAN et les deux suivantes sont déjà attribuées. Donc, je me dis que s’il est à l’affût au sujet de la CAN 2019, c’est qu’il a certainement des raisons.
De plus, quand je vois l’état d’avancement des travaux au Cameroun, moi qui disais dès le départ qu’il fallait aller très vite, je me dis que le travail est loin d’être achevé et que c’est sûrement sur cela que surfe le président algérien Kheireddine Zetchi.
L’état de ces préparatifs pour la CAN 2019 vous paraît-il particulièrement inquiétant ?
Malheureusement, oui, parce qu’il faut des infrastructures hôtelière, des terrains, revoir l’état de certaines routes. Le constat est que l’on traîne. Si M. Zetchi a eu vent de cela, c’est ce qui le fait réagir. Parce que la règle, si je puis dire, aurait été qu’il attende une défection ou qu’on retire la compétition au pays pour se manifester.
Lorsque je discute avec les gens au Cameroun au sujet de la construction du stade à Douala, de l’état des routes et du stade à Bafoussam, du grand stade Paul Biya, rien n’avance ou presque. Pas suffisamment vite en tout cas.
Je n’ai pas fait d’études à l’école nationale des ponts et chaussées mais j’ai quand même vu grandir certains projets de stades. Même si on peut compter sur l’efficacité d’entreprises turques, portugaises ou chinoises pour délivrer les enceintes en un temps record, je me dis qu’il aurait été bon d’agir pour qu’il n’y ait pas aujourd’hui la moindre interrogation. […]
La crise politique qui mine la Fédération camerounaise depuis près de quatre ans joue-t-elle un rôle majeur dans cette situation ?
On a eu l’attribution de la CAN 2019 pendant cette crise. Il fallait prendre en compte cela. On a pris beaucoup de temps pour mettre en place le comité d’organisation de cette compétition. C’était déjà un premier problème. Qui fait quoi, au final ? Je ne suis pas sûr que les rôles aient été véritablement bien définis. Ça pose le problème de la qualité de l’organisation.
Je ne veux pas afficher que de l’inquiétude. Mais, par prudence, et connaissant mon pays, je ne trouve pas déraisonnable de rappeler que la CAN 2019 a lieu dans 18 mois seulement…
La CAN 2019 a été attribuée au Cameroun en partie grâce à l’appui d’Issa Hayatou, l’ancien président de la Confédération africaine de football. Sa défaite en mars dernier face au Malgache Ahmad fragilise-t-elle la position du Cameroun ?
Honnêtement, je ne sais pas. Je pense que le président Ahmad est une bonne personne et qu’il prend le temps de mesurer les choses. Je ne pense pas qu’il ait quelque chose contre le Cameroun, juste parce que le pays a été désigné durant l’ère Hayatou. Mais c’est vrai que le Cameroun n’a plus cette arme secrète qu’il aurait pu brandir si Issa Hayatou était toujours au pouvoir.
Le Cameroun doit se montrer à la hauteur d’une telle compétition. Ça ne doit pas dépendre de qui est à la tête de la CAF. Durant les trois semaines de compétition, quoiqu’il arrive, il faudra être bon. Il ne faudra pas avoir de regrets.
Je fais partie de ceux qui rêvent de cette CAN depuis son attribution et même avant. […] Je n’aimerais pas que ce rêve soit brutalement enlevé par ces retards dans l’organisation...
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