Y a-t-il une différence dans le traitement médiatique de la carrière du footballeur ivoirien, selon que le journaliste est en France ou en Afrique ? À lire les articles parus ce week-end à la suite du match Côte d'Ivoire-Mali, on dirait bien que oui. « Des gars passés de gosses mal éduqués à vedettes richissimes » et mal « préparés psychologiquement à savoir ce qu’est le bien, le mal » : c’est en ces termes que François Hollande évoque les footballeurs de l’équipe de France dans le livre récemment publié Un Président ne devrait pas dire ça.
Pourtant, dans l’esprit du français moyen, ce portrait-robot s’applique surtout à certains joueurs étrangers évoluant en France. Quel est alors le premier nom qui vient à l’esprit ? Celui de l’international ivoirien de 23 ans Serge Aurier, dont la vie médiatique ne manque jamais de piment…
Et voilà que c’est en Afrique que naît une nouvelle polémique. Samedi dernier, lors d’un match entre la Côte d’Ivoire et le Mali, pour le compte des éliminatoires à la Coupe du monde 2018, l’international ivoirien célèbre un but en mimant un égorgement, pouce sur la gorge. C’est de France que l’énigmatique célébration est jugée « provocante », en ces temps de psychose jihadiste. Au Mali, pourtant, les professionnels du foot prétendent ne pas avoir prêté attention à ce geste. Fousseni Diawara, coordinateur et manager des équipes nationales maliennes, affirme même que ce geste pourrait être « interprété comme le rituel d’un village ».
Non seulement les Maliens –battus 3 à 1– ne lynchent pas Aurier, mais ils le portent en triomphe. Pendant cette même confrontation sportive du 8 octobre, sur la pelouse, Serge Aurier aurait sauvé la vie du milieu des Aigles maliens, Moussa Doumbia, qui était en train d’avaler sa langue, en pleine crise d’épilepsie. Serge Aurier est-il donc un diablotin ou un petit ange ? Sur les réseaux sociaux, une tendance consiste à répondre qu’il est d’abord un jeune qui a bien le droit d’avoir fait des bêtises pourvu qu’il les ait reconnues.
Certains prolongent la plaidoirie en soutenant que la cabale médiatique contre l’international Ivoirien aurait un point commun avec l’acharnement contre l’avant-centre français Karim Benzema : un relent de racisme. Les polémiques, c’est comme les trains : les unes peuvent en cacher d’autres…
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