Le football ivoirien est secoué par une crise depuis plusieurs mois. Une situation amplifiée par l’élimination des Éléphants de la Coupe du monde 2018 et la défiance de plusieurs présidents de clubs à l’égard de Sidy Diallo, le président de la fédération. Même le chef de l’État, Alassane Ouattara, s’en inquiète.
La période que traverse Augustin Sidy Diallo n’est pas la plus faste depuis son élection à la tête de la Fédération ivoirienne de football (FIF), en septembre 2011. Son premier mandat avait été embelli par un succès à la CAN 2015, une finale en 2012 et une participation à la Coupe du monde 2014. Le second est beaucoup moins reluisant.
La sélection ivoirienne a quitté la CAN 2017 au soir du premier tour, neuf mois avant de se faire maltraiter à Abidjan par le Maroc (2-0) lors de la dernière journée des qualifications pour la Coupe du monde en Russie, précipitant le départ de Marc Wilmots, nommé en mars de la même année. Et comme les ennuis volent souvent en escadrille, le patron du football ivoirien est l’objet d’une véritable fronde menée par le G42, un mouvement regroupant 38 clubs et 4 mouvements sportifs.
Guerre d’influence auprès des clubs
Le dirigeant est critiqué pour son bilan sportif et sa gestion de l’instance qu’il préside. La FIF, de son côté, a jugée « irrecevable » la requête du G42, qui exigeait la tenue d’une assemblée générale extraordinaire, destinée à le démettre de sa fonction avant la fin de son second mandat.
Diallo, a même été reçu au palais présidentiel fin janvier par Alassane Ouatarra. Le chef de l’État voulait en savoir plus sur cette crise, néfaste pour le football ivoirien et son image sur le plan international.
Le G42 estime qu’il représente 51 % des 81 clubs actifs (Ligue 1, Ligue 2 et Division 3) qui ont le droit de vote afin de statuer sur la tenue d’une AG extraordinaire (article 36 alinéa 2 du règlement de la FIF). Mais en réponse, Diallo et sa garde rapprochée avaient réuni 48 clubs fin janvier à Grand-Bassam, tous favorables au président de la fédération.
Diallo a ouvert des fronts partout, alors que le rôle d’un président est de rassembler, de fédérer autour de lui
« Mais le problème, c’est que parmi ces clubs qui soutiennent Diallo, certains sont des clubs amateurs, qui n’ont donc pas le droit de vote. Tout cela est assez confus. Diallo a des partisans, car il a obtenu des résultats. Mais il est clair que son crédit diminue avec ses récents échecs », explique un observateur.
Kalou appelle à la démission
Dans le microcosme du football ivoirien, certains souhaiteraient que Jacques Anouma, son prédécesseur, jugé plus rassembleur et meilleur communiquant, soit davantage impliqué. De là à envisager une candidature de ce dernier à la prochaine élection à la tête de la FIF, il y a un pas que certains n’hésitent plus à franchir.
« Le problème, c’est que Sidy Diallo gère la fédération de manière très autoritaire. J’avais mené campagne pour lui, mais j’ai vite été déçu par son comportement, résume l’ancien international Bonaventure Kalou, qui s’est récemment lancé en politique. Quand il a été élu, il a commencé par mener une véritable chasse aux sorcières. Diallo a ouvert des fronts partout, alors que le rôle d’un président est de rassembler, de fédérer autour de lui ».
« On peut effectivement lui demander de démissionner, poursuit Kalou. Même si il n’est pas le seul coupable de la situation. Mais c’est lui le président. Il a pris de mauvaises décisions au niveau de la sélection nationale. Par exemple en nommant Marc Wilmots, qui n’était pas forcément candidat. C’est un bon entraîneur, mais sans aucune expérience de l’Afrique ». Et Kalou, de stigmatiser également le manque d’efforts consentis pour les jeunes par la FIF, comme d’autres responsables du foot ivoirien.
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