Le gouvernement ougandais a annoncé mercredi enquêter sur la situation de l’opposant historique Kizza Besigye, après que son épouse a affirmé qu’il a été « kidnappé » au Kenya et transféré dans une prison militaire d’Ouganda.
Winnie Byanyima, directrice de l’Onusida, a demandé sur X au gouvernement « de libérer immédiatement » son mari, ancien proche devenu opposant au président Yoweri Museveni, qui dirige le pays d’une main de fer depuis 1986.
Kizza Besigye, âgé de 68 ans, s’est notamment présenté contre lui aux présidentielles de 2001, 2006, 2011 et 2016.
Interrogé par l’AFP, le ministre de l’Information et de l’Orientation nationale, Chris Baryomunsi, a indiqué que le gouvernement « vérifi(ait) les informations sur la disparition présumée de Besigye ».
« Pour le moment nous ne pouvons pas confirmer où il se trouve », a-t-il déclaré.
Winnie Byanyima a affirmé mardi soir sur X que son mari a été « kidnappé samedi dernier alors qu’il se trouvait à Nairobi », à l’occasion de la sortie d’un livre d’une figure de l’opposition kényane Martha Karua.
« J’ai désormais des informations fiables selon lesquelles il se trouve dans une prison militaire à Kampala », a écrit celle qui dirige depuis 2019 le Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida (Onusida), basé en Suisse.
L’Ouganda est régulièrement pointé du doigt par des ONG et gouvernements occidentaux pour ses atteintes aux droits humains et à la liberté d’expression et sa répression de l’opposition.
Fin juillet, 36 membres du Forum pour le changement démocratique (FDC), parti créé par M. Besigye, avaient été arrêtés dans l’ouest du Kenya et expulsés vers l’Ouganda, où ils ont été inculpés pour « terrorisme ». Ils ont été libérés sous caution fin octobre.
– « Autrefois un refuge sûr » –
Proche de Yoweri Museveni dont il a été le médecin personnel du temps de leur lutte armée contre l’ancien dirigeant ougandais Milton Obote, Kizza Besigye a quitté le Mouvement national de résistance (NRM) au pouvoir en 2001.
Leader de l’opposition, il s’est présenté aux présidentielles en 2001 (28% des voix), 2006 (37,3%), 2011 (26,01%) et 2016 (35,61%).
Avec d’autres déçus du président, il a fondé en 2004 le FDC, qu’il a quitté il y a quelques mois pour créer une formation qui n’a pas encore été homologuée, le Front du peuple pour la liberté (PFF).
« Nous avons essayé de le joindre mais son téléphone est injoignable depuis samedi », a déclaré à l’AFP Phillip Wafula Oguttu, ancien chef de l’opposition au parlement ougandais et membre du PFF.
« Nous avons contacté son hôtel à Nairobi où il avait réservé une chambre, ils nous ont dit qu’il ne s’y était pas rendu depuis son arrivée. « Notre conclusion est qu’il s’agit d’un cas confirmé d’enlèvement », a-t-il ajouté.
Visage actuel de l’opposition, Bobi Wine a appelé à sa « libération immédiate », dans un message sur X.
« Il est très choquant que le Kenya, qui était autrefois un refuge sûr pour les dissidents (ougandais), devienne de plus en plus une zone opérationnelle pour la dictature en Ouganda », a-t-il ajouté.
Pays frontalier de l’Ouganda, le Kenya a été critiqué dernièrement après des enlèvements de ressortissants étrangers sur sol.
En octobre, le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés de l’ONU (HCR) s’était notamment dit « profondément préoccupé » par le cas de quatre réfugiés turcs qui, selon des groupes de défense des droits humains, avaient été enlevés dans la capitale kényane et expulsés en violation du droit international.
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