Trafic des passeport centrafricains : un réseau bien organisé.
L’enquête du Corbeau News Centrafrique (CNC) a révélé une structure bien organisée, où chaque acteur joue un rôle précis. À la tête de ce réseau se trouve un certain ISSA KALLIMI, tchadien, basé à Douala, résident dans un hôtel local. Il collabore avec un individu à Bangui, un Centrafricain d’origine tchadienne dont le nom reste pour l’instant confidentiel, en raison de la fuite des fraudeurs, qui orchestre la délivrance de passeports centrafricains authentiques mais obtenus par des moyens frauduleux.
Le trafic des passeport centrafricains : un marché lucratif.
Selon nos sources, ce dernier perçoit 300 000 francs CFA par passeport délivré, une somme qui se divise entre les différents acteurs du réseau. « Le monsieur à Bangui récupère 300 000 francs aux mains de ses clients. Il débourse 150 000 pour un passeport au service de l’immigration, et le passeport sort », explique un témoin bien informé interrogé par la rédaction du CNC. Cette somme représente une petite fortune pour beaucoup, mais pour ces étrangers, c’est le prix à payer pour espérer franchir les frontières américaines sans encombre.
Les motivations derrière l’achat des passeports.
La demande de passeports centrafricains par des ressortissants tchadiens et soudanais n’est pas anodine. En raison des restrictions strictes imposées sur les passeports tchadiens et soudanais, ces derniers ne peuvent plus voyager depuis Douala, une situation qui a poussé ces individus à recourir à des passeports centrafricains. « Les détenteurs de passeports tchadiens et soudanais ne peuvent plus voyager depuis Douala. Ils utilisent donc des passeports centrafricains pour passer sans problème », explique une source officielle camerounaise, mais qui a préféré garder l’anonymat.
Le passeport centrafricain devient ainsi un précieux sésame pour ces voyageurs, leur permettant de prendre un vol pour le Nicaragua, une des rares portes d’entrée vers les États-Unis pour ceux qui envisagent de traverser clandestinement la frontière mexicaine.
Un exemple concret : Le faux passeport de Mahamat Ahmat Ahmat.
Dans le cadre de cette enquête, nous avons obtenu une copie de l’un de ces documents frauduleux. Ce passeport, délivré au nom de Mahamat Ahmat Ahmat, un ressortissant tchadien, démontre parfaitement la corruption qui gangrène les services d’immigration centrafricains. Le passeport en question porte le numéro P CAF 00029256et a été émis le 10 juin 2024, avec une validité jusqu’au 9 juin 2029. Le document a été signé par le ministre de la sécurité publique, monsieur Michel Nicaise Nassin.
Ce faux passeport a permis à Mahamat Ahmat Ahmat, enregistré comme étudiant, de voyager sous une fausse identité depuis Douala au Cameroun, destination prisée par ces fraudeurs pour rejoindre les États-Unis via le Nicaragua et le Mexique. La photo de ce document montre un homme en apparence ordinaire, mais qui cache une réalité bien plus complexe, celle d’un citoyen tchadien utilisant des voies illégales pour atteindre des pays occidentaux.
Le trafic des passeport centrafricains : complicités au sein de l’administration.
L’enquête dévoile aussi l’existence de complicités au sein même des services d’immigration centrafricains. « Ce qui est choquant, c’est que ces documents officiels, censés être rigoureusement contrôlés, sont délivrés à des étrangers sans même qu’ils soient présents dans le pays. Tout se fait à distance, les photos sont envoyées par WhatsApp, et les passeports sont expédiés dans des valises par avion jusqu’à Douala », raconte une source officielle centrafricaine.
Cette pratique prouve encore une fois de plus aux yeux du monde l’ampleur de la corruption au sein des institutions centrafricaines. Un exemple frappant est celui de Bienvenu Nguimalé, le directeur de la police chargée de l’immigration, un homme qui, selon plusieurs sources, a réussi à développer un système de corruption solide. « Il se croit demi-dieu. Il bouffe sans problème. Il est là depuis des années, personne ne le change, et il continue à faire ses affaires », déclare un observateur indigné.
Une infiltration difficile à enrayer.
Malgré la découverte de ce réseau, il semble que les autorités centrafricaines aient du mal à prendre des mesures drastiques pour éradiquer ce fléau. La lenteur des réactions gouvernementales laisse place à une mafia qui ne cesse de se renforcer. « On n’arrive pas à comprendre ce pays. Avec Touadéra, franchement, le laisser-aller atteint son niveau maximum. Tout le monde fait ce qu’il veut », s’insurge un citoyen.
Le commerce des passeports centrafricains continue ainsi de prospérer, alimentant une chaîne de corruption qui se développe au détriment de l’intégrité du pays. Pendant ce temps, les citoyens tchadiens et soudanais qui ont déjà obtenu ces passeports se préparent à tenter leur chance pour atteindre les États-Unis, bien loin de la République centrafricaineet des réalités auxquelles elle est confrontée.
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