En Egypte, il y aura trois jours de deuil national après cet attentat très étudié. Les assaillants ont d'abord encerclé la mosquée al-Rawda puis placé une bombe devant le bâtiment. Et ils ont attendu que les fidèles sortent en courant avant de les assassiner à l'arme automatique. Une tuerie méthodique que le président Abdel Fatah Al Sissi a promis de venger.
Le porte-parole militaire égyptien a indiqué à minuit que l’aviation avait tué de nombreux terroristes responsables de l’attentat et qui tentaient de fuir en véhicules 4x4, écrit notre correspondant au Caire,Alexandre Buccianti. L'armée de l'air « a détruit plusieurs véhicules utilisés dans l'attaque » et « ciblé plusieurs foyers terroristes contenant des armes et des munitions », a annoncé Tamer el-Refaï. Des hélicoptères d’attaque Apache sont constamment prêts à décoller dans le Nord-Sinaï en cas d’attentat. Une tactique assez efficace qui n’empêche pas les attaques mais elle en fait régulièrement payer le prix.
« La logique laisse pantois »
Quant aux réactions politiques, même les plus farouches opposants au régime condamnent l’attentat sans la moindre réserve. L’avocat Khaled Ali qui veut être candidat à la présidence contre Sissi a écrit sur Twitter : « La logique laisse pantois.»Nous sommes, poursuit-il « incapables de comprendre les idées criminelles qui poussent les groupes terroristes à commettre de tels crimes ignobles contre notre pays, notre peuple et l’humanité ». Hossam Bahgat, un défenseur des droits de l’homme poursuivi en justice écrit : « Aujourd’hui, précisément, il n’y a pas matière à parler de négligence en matière de sécurité ».
Les jeunes Egyptiens attristés et révoltés
Partis prendre quelques jours de repos dans l'oasis du Fayoum à quelques centaines de kilomètres du Caire, un groupe de jeunes Egyptiens a suivi toute la journée l'évolution du terrible bilan contre la mosquée al-Rawda dans le village de Bir al-Abd, à l'ouest d'al-Arich dans le Nord-Sinaï. Alexandra est franco-égyptienne, elle répond aux questions de notre autre correspondant au Caire, François Hume-Ferkatadji : « Cela m’attriste, me révolte parce qu’on se rend compte que ce n’est pas forcément les Coptes qui sont visés. Cette fois-ci, ce sont des musulmans. On peut être tous visés par ce groupe islamique, et donc ça fait peur. On se demande ce qui va se passer et on se demande ce que va faire le gouvernement. »
Avec 235 tués et 109 blessés, cette attaque terroriste est la plus meurtrière que l'Egypte ait jamais connue. Mohamed Ibrahim est persuadé que cet attentat va renforcer la volonté de tous les Egyptiens de se battre ensemble contre les groupes radicaux : « Ils sont contre tous les Egyptiens, contre les musulmans, contre les chrétiens, c’est-à-dire que c’est contre l’Egypte. Ils n’attaquent pas une religion exacte, ils attaquent tout le monde. »
Les Egyptiens étaient nombreux hier à se rendre dans les hôpitaux pour donner leur sang. Trois jours de deuil national ont été décrétés.
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