Le président Uhuru Kenyatta sera, le 31 mai, le premier passager du nouveau train reliant Mombasa à la capitale kényane. Le Standard Gauge Railway, construit par l’entreprise chinoise China Road and Bridge Corporation et financé à 90% par la China EximBank, est le plus grand projet d’infrastructure entrepris par le Kenya depuis l’indépendance.
À une dizaine de kilomètres de la deuxième plus grande ville kényane, l’immense gare de Mombasa n’attend plus que les voyageurs. Un casque de chantier sur la tête, Diane Chanui, ingénieur kényane, supervise les finitions et fait visiter le bâtiment avec fierté : 14 000 mètres carrés, répartis sur quatre étages dans une structure ronde, entourant une tour de contrôle. Bientôt, les guichets, les boutiques et le restaurant ouvriront au public. Longeant les deux quais, on aperçoit les nouveaux rails. Ils courent sur près de 500 kilomètres jusqu’à Nairobi, parallèles à l’ancien chemin de fer construit il y a plus de 100 ans par les Anglais.
L’ancien train, surnommé le Lunatic express du fait de ses nombreux retards, parcourait la distance en 18 heures. Le nouveau, affirme Maxwell Mengich, le chef de projet, atteindra les 120 km/heure et réduira le trajet à 4 heures, du moins pour les trains de passagers.
Il y aura un aller-retour par jour, pouvant transporter chaque fois environ 1 100 personnes, et les prix des billets devraient être inférieurs à ceux des bus. « Nous espérons que cela apportera de l’efficacité, et une meilleure liberté de mouvement des personnes et des biens », poursuit l’ingénieur. Kenya Railways se félicite du projet, finalisé en un temps record, et qui a directement employé 17 000 kényans.
Un projet très critiqué
Mais l’efficacité a un prix : 3,16 milliards de dollars, dont 90% ont été prêtés au Kenya par China EximBank. C’est d’ailleurs une entreprise chinoise, la China Bride and Road Corporation, qui s’est chargée de la construction, ainsi que de l’envoi au Kenya des locomotives diesel et des différents wagons.
Le groupe sera aussi chargé de l’exploitation de la ligne pendant dix ans. Pour beaucoup, c’est trop cher, en comparaison des prix payés par l’Éthiopie pour son train électrique (2,96 milliards de dollars, selon la China Africa Research Initiative), ou encore Djibouti (550 millions).
Mais Kenya Railways compte principalement sur le transport de marchandises pour rentabiliser cette nouvelle voie ferroviaire. Les trains auront une capacité de transport de 4 000 tonnes, et devraient à terme, espère l’entreprise, prendre en charge 35% des conteneurs qui transitent par le port de Mombasa, le plus grand d’Afrique de l’Est.
Un pronostic mis en doute par les experts. Pour Kwame Owino, directeur de l’institut des affaires économiques, un think tank kényan, la route restera un concurrent de taille : « Cela risque de prendre beaucoup de temps, dit-il, car même si les coûts du SGR sont inférieurs, la vitesse n’est pas un facteur déterminant du transport de marchandises, et les fournisseurs ont l’habitude de travailler avec les routiers depuis de nombreuses années. »
Relier les capitales africaines
Pour l’instant, les conteneurs s’arrêteront à Nairobi, mais bientôt, ils devraient pouvoir être acheminés jusqu’en Ouganda. La deuxième phase du projet, dont les travaux doivent commencer le mois prochain, reliera la capitale kényane à Naivasha puis à Malaba, à la frontière avec l’Ouganda.
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