Au Zimbabwe, l'armée a placé le président Robert Mugabe en résidence surveillée et s'est déployée à Harare, la capitale. Mais les militaires refusent toujours de parler d'un coup d'Etat. Dans les réactions internationales non plus, on ne parle pas de « coup d'Etat ».
La situation restait confuse mercredi au Zimbabwe après la déclaration de l'armée à la télévision publique, aux premières heures de la journée. Les militaires se refusent toujours à parler de coup d'Etat, même s'ils se sont déployés dans la capitale et qu'ils ont placé Robert Mugabe en résidence surveillée. Une incertitude qui se ressent également dans les réactions internationales.
Boris Johnson met en garde contre une « transition qui verrait un tyran non élu remplacé par un autre »
« Nous observons les développements en cours très attentivement. La situation est encore très mouvante », a déclaré la Première ministre Theresa May devant les députés britanniques, avant d'appeler « toutes les parties à la retenue ».
Son ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson, a également appelé « au calme et à la retenue », devant le Parlement. « Nous ne savons pas comment la situation va évoluer dans les jours qui viennent ni si cela marque la chute de Mugabe ou non ».
Le chef de la diplomatie britannique qui a quand même estimé que les événements en cours au Zimbabwe pouvaient constituer un motif « d'espoir » pour la population, tout en mettant en garde contre une « transition qui verrait un tyran non élu remplacé par un autre ».
Boris Johnson a affirmé que « tout ce que le Royaume-Uni a toujours voulu, c'est que les Zimbabwéens puissent décider de leur avenir lors d'élections libres et justes. L'ambition dévorante de Mugabe les a privés de ce droit ».
Le chef de la diplomatie britannique a ensuite indiqué sur Twitter avoir eu un échange « constructif » au téléphone avec le vice-président sud-africain Cyril Ramaphosa sur la situation au Zimbabwe.
Il a par ailleurs conseillé aux ressortissants britanniques de rester « à la maison ou dans leur chambre d'hôtel et d'attendre que les choses se calment un peu ».
Les Etats-Unis et l’ONU appellent à la retenue
« Le gouvernement américain est préoccupé par les récents actes des forces militaires du Zimbabwe », a déclaré à l'AFP un responsable du département d'Etat. « Les Etats-Unis ne prennent pas parti dans les questions de politique intérieure zimbabwéenne », mais, en règle générale, « ils n'approuvent pas l'intervention de militaires dans les processus politiques », a-t-il ajouté.
« Nous appelons tous les dirigeants zimbabwéens à faire preuve de retenue, à respecter l'Etat de droit et les droits de tous les citoyens protégés par la Constitution, et à résoudre rapidement les différends afin de permettre un retour rapide à la normale », a insisté ce responsable.
Il a rappelé que l'ambassade des Etats-Unis à Harare avait recommandé plus tôt mercredi aux ressortissants américains de rester chez eux.
Guterres demande « l'absence de violences »
Réaction assez similaire du côté de l’ONU. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, réclame « le calme, l'absence de violences et de la retenue », a indiqué un porte-parole adjoint de l'ONU, Farhan Haq. « Préserver les droits fondamentaux, dont la liberté d'expression et de réunion est d'une importance vitale », estime-t-il, selon le porte-parole. Pour le patron de l'ONU, « les différences politiques doivent être résolues de manière pacifique et par le dialogue, en accord avec la Constitution du pays », a-t-il ajouté.
L'UE espère une « résolution pacifique »
L'Union européenne s'est dite préoccupée par la situation au Zimbabwe en appelant au « dialogue » en vue d'une « résolution pacifique ».
« Nous appelons toutes les parties concernées à passer de la confrontation au dialogue avec pour objectif une résolution pacifique », a déclaré la porte-parole Catherine Ray, lors d'un point presse de la Commission européenne.
L'Union africaine demande « le rétablissement de l'ordre constitutionnel »
L'Union africaine est apparue moins prudente. Par la voix de son président, le Guinéen Alpha Condé, elle a dénoncé « ce qui apparaît comme un coup d'Etat », exigeant « immédiatement le rétablissement de l'ordre constitutionnel ».
Réunion à Gaborone annoncée par Zuma
C'est en tout cas le président sud-africain qui a le plus communiqué ces dernières heures. C'est lui qui après un coup de fil avec Robert Mugabe, a annoncé qu'il était assigné à résidence, mais qu'il allait bien.
Fidèle soutien de Robert Mugabe, Jacob Zuma, qui s'est dit « très préoccupé », a dépêché, au nom de la SADC qu'il préside, deux de ses ministres à Harare. Les deux émissaires du président sud-africain sont bien arrivés à Harare. Ils devaient rencontrer le vieux leader de l'indépendance et les responsables de l'armée, en attendant un sommet qui doit se dérouler ce jeudi après-midi à Gaborone au Botswana. Une réunion d'urgence de la SADC annoncée là encore par Jacob Zuma.
(avec AFP)
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