Le président nigérian Muhammadu Buhari demande à la Banque centrale de ne plus accorder des devises étrangères aux importateurs de produits agricoles. Il poursuit ainsi sa politique économique protectionniste. Au début de son premier mandat, il avait interdit l'importation de riz et relancé ainsi la filière locale. Muhammadu Buhari entend faire de même pour l'ensemble de la production agricole nigériane.
En soufflant à la Banque centrale de ne plus faciliter les importations agricoles, Muhammadu Buhari veut respecter une de ses promesses de campagne. Au 1er trimestre 2018, le Nigeria importait pour 451 millions d'euros en produits agricoles. Un an plus tard la progression était de 25%.
De quoi donner des migraines au président Buhari, qui rêve d'un Nigeria autosuffisant et souverain en matière alimentaire. Parmi les nombreuses voix s'opposant à cette directive anti-importation, celles deux ex-candidats aux dernières présidentielles : l'ancien gouverneur adjoint de la Banque centrale Kingsley Moghalu, et l'ex-ministre de l'Éducation, Oby Ezekwesili, regrettent que « Muhammadu Buhari bafoue l'indépendance de la Banque centrale. »
De son côté, l'économiste Bismarck Rewane craint qu'une telle politique ne conduise les importateurs à utiliser des circuits parallèles pour se procurer des devises étrangères. Et par ricochet, cela conduirait à une augmentation des prix des denrées alimentaires.
Un peu plus d'un mois après avoir signé l'entrée de son pays dans la zone de libre échange continentale africaine (ZLEC), le chef de l'État envoie un signal fort à ses compatriotes opérateurs économiques : il entend rester le promoteur n°1 du « Made in Nigeria ».
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