Le chef de l'État guinéen a déclaré à plusieurs reprises vouloir que l'Afrique francophone s'émancipe de la France.
Il l’a dit à Abidjan fin mars, lors d’une conférence sur l’émergence africaine, l’a redit le 11 avril à l’Élysée à l’occasion du dîner d’État offert par François Hollande, et l’a répété une semaine plus tard à Meknès, au Maroc, en marge du Salon international de l’agriculture dont il était l’invité : le président guinéen (et de l’Union africaine) Alpha Condé veut que l’Afrique francophone « coupe le cordon ombilical avec la France ».
Une « Afrique majeure »
Une prise de position en faveur d’une « Afrique majeure » vite devenue virale sur les réseaux sociaux et que l’intéressé assume parfaitement, tout en précisant que « couper le cordon ne signifie pas divorcer ». La preuve, lors de son passage à Paris, Alpha Condé s’est entretenu avec deux des candidats à l’élection présidentielle : Emmanuel Macron, reçu à l’hôtel Meurice (les deux hommes se tutoient), et François Fillon, au téléphone.
Comment ses auditeurs ont-ils accueilli ce discours de rupture ? À l’Élysée, François Hollande, qui venait de qualifier Condé de « président à vie de la Feanf » (la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France), n’a pas bronché. À Abidjan, Alassane Ouattara lui a glissé à l’oreille, à l’issue de son allocution, un « j’ai oublié de te dire que c’était en direct » assorti d’un demi-sourire.
Mohammed VI sur la même longueur d’onde
À Meknès enfin, l’ambassadeur de France au Maroc, Jean-François Girault, présent lors du discours, aurait, si l’on en croit L’Économiste, manifesté une certaine gêne. « Ce que j’ai dit devant le président Hollande, je ne vois pas pourquoi je ne le répéterais pas devant son ambassadeur », confie l’intéressé. D’autant que le roi Mohammed VI, qui s’est plusieurs fois exprimé en ce sens, est sur la même longueur d’onde…
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