Trois semaines après avoir été accusé dans un reportage de la BBC sur la gestion du pétrole et du gaz au Sénégal, le frère de Macky Sall a annoncé lundi 24 juin sa démission de la Caisse des dépôts et consignations, à la tête de laquelle il avait été nommé en septembre 2017 par le chef de l’État.
Pression de la rue, de l’opposition sénégalaise, Aliou Sall a donc fini par céder. « Il est de mon devoir de laver mon honneur sali, de protéger les miens », explique Aliou Sall dans une longue lettre rendue publique ce lundi, dans laquelle il affirme être aujourd’hui « l’ennemi public numéro un ». Et c’est pour protéger ses intérêts et ceux du Sénégal qu’il démissionne de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) qu’il dirigeait depuis septembre 2017. « C’est une campagne visant à me "déshumaniser" (...), à me présenter comme un « personnage sans foi ni loi qui nargue un peuple exsangue », écrit-il.
En juin 2012, peu après sa première élection, le président Macky Sall avait confirmé la décision de son prédécesseur, Abdoulaye Wade, d'attribuer l'exploitation des deux champs pétroliers et gaziers off-shore à Petro-Tim, une société détenue par l'homme d'affaires Frank Timis. Dans un reportage diffusé le 3 juin, la BBC affirmait notamment qu'Aliou Sall avait reçu en 2014 un pot-de-vin de 250 000 dollars de la part du groupe Timis, où il avait en outre été engagé après l'arrivée de son frère au pouvoir.
Aliou Sall a toujours affirmé n’avoir jamais touché 250 000 dollars de Frank Timis, mais sa défense a commencé à se fissurer la semaine passée lorsqu’un conseiller du président a indiqué que le virement avait bien été effectué et qu’Aliou Sall avait perçu des honoraires en tant que consultant en agriculture.
Le frère du chef de l’État a donc fait le choix de démissionner, de prendre les devants, mais il réaffirme qu’il n’a rien à se reprocher : « Toute cette malheureuse controverse n’est entretenue qu’autour d’un tissu d’amalgames et de contrevérités ».
Et Aliou Sall est d’ailleurs visiblement prêt à répondre à la justice puisqu’il indique être en phase avec la décision de l’Etat d’ouvrir une information judiciaire : « Fort de la conviction profonde que demain il fera jour, et que la lumière finira d’avoir raison des ténèbres, je prends ici devant vous la décision de donner ma démission », conclut-il.
Aliou Sall remercie enfin son frère : « Monsieur Le Président de la République qui, au-delà du même sang que nous partageons, sait, mieux que quiconque, dans quel moule de vertu, de sagesse et d’humilité nous avons été éduqués ensemble, comprend les actes que je pose en ce moment précis. »
Aliou Sall n’est donc plus directeur de la Caisse des dépôts, mais il conserve en revanche son poste de maire de Guédiawaye. C’est en tout cas le premier fusible, la première démission officielle dans cette affaire de pétrole et de gaz qui secoue le Sénégal.
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