C'est un premier pas vers l'indemnisation des victimes du régime d'Hissène Habré, au pouvoir au Tchad de 1982 à 1990, avec la création d'un fonds pour les victimes. Le principe avait été validé, il y a un an et demi, par l'Union africaine, mais il aura fallu attendre jusqu'au dernier sommet de l'UA pour passer à la prochaine étape. Plusieurs organisations de défense des droits de l'homme s'en félicitent, mais rappellent qu'il reste encore beaucoup à faire pour que le travail d'indemnisation des victimes puisse vraiment commencer. Et le principal problème sera d'alimenter ce fonds.
Le fonds au profit des victimes est enfin créé, mais il n'a ni responsables ni ressources pour l'instant. A l'issue de son procès, Hissène Habré avait été condamné à verser plus de 80 milliards de francs CFA aux victimes, c'est-à-dire 150 millions de dollars.
Clément Abaïfouta est responsable de l'Association des victimes des crimes du régime de Hissène Habré (AVCRHH) et il attend maintenant des engagements de la part du gouvernement tchadien : « Les victimes sont Tchadiennes, Hissène Habré est Tchadien, tout s’est passé sur le territoire tchadien. Je crois que le Tchad est en principe le pays qui devrait faire le premier pas et les autres vont suivre. Mais si le Tchad continue à ne pas faire le premier pas, ou ne fait pas le premier pas, je crois que cela va être difficile ».
L'Union africaine doit aussi contribuer à alimenter le fonds, mais on ne sait pas à quelle hauteur. L'organisation devrait aussi solliciter les bailleurs étrangers. Et il y a une troisième piste : saisir les avoirs d'Hissène Habré pour indemniser les victimes, comme l’explique Reed Brody de Human Rights Watch : « On n’a jamais estimé sa fortune. On sait que, quand il a pris la fuite, il s’est fait signer un chèque pour tout ce qui restait dans le Trésor. Et ce chèque-là, c’était environ 15 millions d’euros actuels ».
La somme totale est inconnue. Jusqu'à présent, quelques avoirs ont été identifiés : une propriété et deux comptes bancaires modestes au Sénégal.
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