Le Président de la République, Alassane Ouattara, a présidé
ce mardi 1er octobre 2019, au Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire, la cérémonie
d’ouverture du Forum sur le financement du développement organisé par la Banque
mondiale. Dans son discours le chef de l’Etat relève que les pays africains
doivent se focaliser sur les quatre (4) priorités dans le financement durable
de leur développement.
L’intégralité de son discours
« C’est avec un réel
plaisir que je prends part à cette cérémonie d’ouverture de l’édition 2019 du
Forum sur le Financement du Développement, organisé par le Groupe de la Banque
Mondiale, ici à Abidjan. Je suis heureux qu’après l’édition 2018 au Rwanda, notre
pays ait été choisi pour abriter la 5e édition de cette importante rencontre
d’échanges.
Je voudrais vous souhaiter la cordiale bienvenue en terre
ivoirienne. AKWABA à toutes et à tous !
Honorables Invités,
Mesdames et Messieurs,
Le continent africain abrite 60% des terres arables du
monde. Ses ressources énergétiques sont abondantes. Quatre des 10 économies les
plus dynamiques du monde, y compris la Côte d’Ivoire, se trouvent sur le
continent africain. En ce qui concerne la Côte d’Ivoire, après plusieurs années
de crises socioéconomiques, le pays a renoué avec la stabilité et la
prospérité.
Ce résultat est le fruit de huit (8) années d’efforts
constants du peuple et du Gouvernement ivoiriens, à travers la mise en œuvre de
2 plans nationaux de développement, d’un montant total de 72 milliards de
dollars américains, avec le soutien de ses partenaires au développement et du
secteur privé, afin de:
(i) créer et consolider un cadre macro-économique stable,
(ii) maintenir une gestion rigoureuse des finances
publiques,
(iii) engager la transformation structurelle et améliorer la
compétitivité de notre économie,
(iv) renforcer la Gouvernance, (v) et améliorer les
conditions de vie de nos populations.
Depuis 2012, la Côte d’Ivoire, avec une croissance moyenne
de 8% par an, a su se hisser au rang des dix pays ayant les taux de croissance
économique les plus élevés au monde.
Mesdames et Messieurs,
Toutefois, malgré tous ces résultats, la Côte d’Ivoire et la
plupart des pays africains, doivent encore faire face à des défis majeurs, pour
soutenir leur dynamique de croissance durable et inclusive. Il s’agit notamment
:
- De la sécurité et la stabilité de nos Etats,
- Du dividende démographique et la jeunesse de la
population,
- De la transformation structurelle et la compétitivité de
nos économies,
- Du financement de nos économies.
Au plan de la sécurité, l’ampleur de la menace terroriste en
Afrique de l’Ouest est devenue une préoccupation majeure pour nos pays.
Celle-ci consomme une part importante des ressources de nos
Etats, jusqu’à 30% pour certains, fragilise le climat des affaires, ralentit
les investissements privés et, par conséquent, la création d’emplois, vitale
pour la stabilité socio-politique de nos pays. Cette urgence nous a conduits à
tenir un Sommet extraordinaire des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO
sur le terrorisme le 14 septembre dernier à Ouagadougou au Burkina Faso. A
l’issue de cette rencontre, les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont décidé de
mobiliser 1 milliard de dollars américains sur 5 ans, dont 500 millions en
provenance de l’UEMOA.
Mesdames et Messieurs,
L’évènement qui nous rassemble aujourd’hui revêt une grande
importance, car la problématique du financement du développement constitue
véritablement une priorité pour nos pays.
En effet, selon la Banque mondiale, l'Afrique a besoin
d'investissements annuels d'environ 93 milliards de dollars rien que pour ses
besoins en infrastructures.
Au regard de tous ces besoins, comment financer durablement
notre développement ? Pour ma part, je pense que les pays africains doivent se
focaliser sur les quatre (4) priorités suivantes :
Premièrement, l'accélération de la mobilisation des
ressources intérieures. Avec un ratio recettes fiscales sur PIB d'environ 17%
contre 36% dans les pays de l'OCDE, l'Afrique a besoin d'améliorer son
recouvrement d’impôts et de taxes pour financer son développement avec ses
ressources propres.
En effet, les marges budgétaires demeurent insuffisantes et
ne peuvent combler à elles seules tous ces besoins indispensables au
développement de notre économie.
Deuxièmement, l'amélioration du climat des affaires afin
d’attirer les investissements privés nationaux et internationaux, y compris les
partenariats public-privé (PPP) et le capital investissement.
Les récents rapports « Doing Business » de la Banque Mondiale
démontrent que les pays africains sont sur la bonne voie avec l’amélioration
continue de l’environnement des affaires.
La Côte d’Ivoire s’inscrit parmi les pays ayant fait les
plus grands progrès en matière de gouvernance et de création d’un environnement
propice à l’investissement et aux affaires.
Troisièmement, le Développement d'un secteur financier
solide et diversifié et l'accroissement du taux de l'épargne intérieure, tant
privée que publique, afin d'augmenter le montant et la durée des prêts,
nécessaires à l'investissement dans les infrastructures et rendre le coût du
crédit plus accessible aux PME.
Pour aller dans ce sens, nous venons de créer, en Côte
d’Ivoire, une Caisse de Dépôt et de Consignation. Quatrièmement enfin, la
mobilisation des capitaux institutionnels. Selon la Banque Africaine de
Développement, les fonds de pension et les fonds souverains africains sont
estimés, respectivement, à 334 et 164 milliards de dollars. La mobilisation de
ces investissements institutionnels, en particulier les fonds de pension
estimés à 1000 milliards d'ici 2030, dans les infrastructures, contribuerait
grandement à réaliser notre potentiel de croissance.
Mesdames et Messieurs,
Je me félicite de la tenue régulière du Forum sur le
Financement du Développement organisé par la Banque Mondiale. Ce forum permet
de réunir tous les acteurs de la vie économique afin de partager leurs
expériences individuelles et de trouver, dans une démarche concertée, des idées
nouvelles pour relever les défis du financement du Développement.
La Côte d’Ivoire s’est engagée dans une réflexion
stratégique à l’horizon 2030, fondée sur l’expérience de pays dont les succès
fulgurants au cours des dernières décennies peuvent être une source
d’inspiration. Les conclusions de ces travaux, qui visent à identifier les
secteurs porteurs de croissance sur la prochaine décennie, couvrent bien les
thèmes que vous avez identifiés au cours de votre conférence. Il s’agit
notamment de :
L’Agriculture et la compétitivité de l’Agribusiness ;
La Mobilité urbaine, l’Intégration Régionale et le
développement des Corridors logistiques Régionaux en Afrique de l’Ouest ;
La Transformation structurelle des économies et le
développement du secteur privé ;
L’économie numérique.
Je reste convaincu, qu’au terme de ce forum, des solutions
techniques et financières innovantes seront trouvées, afin d’accélérer la mise
en œuvre des différents projets de développement et répondre ainsi efficacement
aux besoins de nos populations.
C’est sur ces mots que je voudrais clore mon propos, en
déclarant ouverte l’édition 2019 du Forum sur le Financement du Développement
organisé par le Groupe de la Banque Mondiale.
Je vous remercie ».
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