Alors que des
individus, des familles et des organisations du monde entier se rassemblent
pour célébrer la Journée internationale de la femme le 8 mars, beaucoup se
focaliseront sur l'élément « humain » : célébration des réalisations
des femmes, collecte de fonds pour des organisations caritatives axées sur les
femmes et sensibilisation à l'égalité des femmes.
Agir de la sorte
est crucial, mais ne suffit pas. Rares sont ceux qui se pencheront sur les
arguments économiques en faveur de l'égalité des genres : le fait même que la
promotion de l'égalité des genres soit extrêmement logique au plan économique.
Partout dans le monde, c'est peut-être ce qui, en fin de compte, incite les
entreprises à prendre des mesures en faveur de l'égalité des genres.
Comme nous le
savons tous, les organisations résilientes et commercialement viables jouent un
rôle essentiel dans la croissance économique mondiale et dynamisent les
économies nationales. Au sein de ces organisations, les femmes représentent
bien sûr la moitié du potentiel d'emploi total, ce qui signifie que le
développement des talents des femmes renforce, à son tour, l'avantage
concurrentiel d'une organisation particulière.
Les statistiques
parlent d'elles-mêmes : une récente étude de McKinsey portant sur
1 000 entreprises de 12 pays a révélé que les sociétés ayant pris des mesures
pour améliorer l'égalité des genres étaient plus rentables que les moyennes
nationales. Une autre étude de Catalyst sur les
entreprises du classement Fortune 500 a montré que les organisations ayant un
niveau élevé d'égalité des genres dans les postes de direction avaient un
rendement des capitaux propres de 35 % supérieur à celui des entreprises qui
n'avaient pas pris de mesures similaires.
En outre, une étude de l'EY portant sur les
200 premières entreprises de services publics à travers le monde a mis en
évidence que les organisations dont les conseils d'administration présentent un
niveau élevé d'égalité entre les genres ont un meilleur retour sur
investissement. De fait, les 20 services publics les plus diversifiés ont
obtenu de meilleurs résultats que les 20 derniers, une différence qui pourrait
se chiffrer en millions de dollars ou plus.
À un niveau
macroéconomique plus large, la parité entre les genres sur le marché du travail
se traduirait par une augmentation du PIB mondial de 12 à 28 000 milliards de
dollars. Pour mettre les choses en perspective, cela correspond
approximativement à la valeur des économies américaine et chinoise d'aujourd'hui,
combinées.
Dans toute la
région, voire dans le monde entier, il reste du travail à faire. Le rythme
rapide des changements technologiques signifie que les femmes doivent continuer
à être fortement représentées dans l'enseignement supérieur, pour leur
permettre de jouer un rôle égal dans l'économie future.
Alors que les
gouvernements de la région se sont collectivement engagés à divers degrés en
faveur de l'égalité des genres et que de nombreux programmes locaux ont été mis
en place, dans le secteur privé, il subsiste un manque préoccupant dans la
compréhension réelle de ce que signifie l'égalité. De nombreux facteurs doivent
être pris en compte en termes d'égalité de rémunération, telles que les primes
et les actions. L'examen d'une grande variété de facteurs permettra d'assurer
une véritable parité entre les genres.
Nous avons déjà
souligné l'énorme avantage qu'aurait pour une entreprise le fait d'avoir des
femmes à des postes de direction et à des postes de cadres. Là encore, les
entreprises de la région doivent redoubler d'efforts. Il s'agira notamment de
cultiver très tôt les jeunes talents féminins, de les encourager à assumer des
responsabilités supplémentaires et de leur donner les compétences dont elles
ont besoin pour réussir.
La pandémie de
Covid-19 a, bien sûr, exacerbé la nécessité de se concentrer sur ces questions.
Le WEF’s 2020 Gender Gap report
sur l'écart entre les genres, par exemple, a mis en lumière que si les femmes
représentaient 39 % de la main-d'œuvre mondiale, elles comptaient pour 54 % de
toutes les pertes d'emploi. La pandémie a également intensifié les défis
auxquels les femmes étaient déjà confrontées ; ainsi, les mères qui travaillent
ont toujours fait un « double shift », une pleine journée de travail,
suivie d'heures de travaux domestiques et à prendre soin des enfants. En raison
de cette dynamique, une étude de McKinsey menée en
partenariat avec LeanIn.Org aux États-Unis a révélé que plus d'une femme sur
quatre envisage ce que beaucoup auraient considéré comme impensable il y a
quelques mois à peine : rétrograder dans leur carrière ou quitter complètement
le marché du travail. Dans ce contexte, il est grand temps de doubler, voire de
tripler, les efforts pour faire en sorte que ces problématiques soient
abordées.
Cette année, le
thème de la Journée internationale de la femme est #ChooseToChallenge (Leadership
féminin : Pour un futur égalitaire dans le monde de la Covid-19). Dans tous les
secteurs, voilà ce que doivent faire les entreprises de ce pays et de la région
MENA : remettre en question et dénoncer les préjugés sexistes et choisir de
changer les choses.
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