50 000 cadavres d’esclaves. C’est le nombre estimé de dépouilles enterrées sous l’habitation de Merced Guimarães à Rio. Transformé en musée-cimetière en 2005, ce mémorial sans équivalent va fermer ses portes au public en raison de la suppression de sa subvention par le gouvernement de Michel Temer.
En 1996, alors qu’ils réalisent des travaux de rénovation dan son jardin, les ouvriers de Merced Guimarães tombent sur des empilements osseux. Cette Brésilienne pense d’abord à des restes d’animaux. Mais en y regardant de plus près, elle comprend qu’il s’agit d’ossements humains. Sans le savoir, au 36 rue Pedro Ernesto, dans le quartier de Gambo à Rio, elle venait de mettre la main sur le plus grand cimetière d’esclaves des Amériques. Selon l’archéologue Reinaldo Tavares, interrogé par l’AFP, cette fosse commune aurait servi de 1769 à 1830. Et si l’on ne sait pas exactement combien de corps gisent dans ses entrailles, les estimations les plus prudentes affichent 50 000.
Bouleversée par la découverte macabre et bien décidée à leur rendre hommage, Merced entreprend alors de faire du bâtiment qui jouxte sa maison un véritable musée-cimetière baptisé : « L’institut des nouveaux noirs ». Ouvert en 2005, elle y consacre depuis toute son énergie.
Ce qui l’a le plus ému, révèle-t-elle dans le documentaire « Noir Brésil » consacré à l’héritage de quatre siècles d’esclavagisme au Brésil, « c’est de voir qu’il y avait beaucoup d’ossements d’enfants ». Contrairement à ce que les photographies et lithographies d’époque donnaient à penser de ces « nouveaux noirs » débarqués au Brésil, l’historien Claudio Honorato nous y apprend qu’une majorité des corps retrouvés appartiennent à des pré-adolescents et jeunes adultes.
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