Les chances du Premier ministre irakien sortant Haïdar al-Abadi, arrivé troisième, de continuer à gouverner sont devenues encore plus minces mardi 12 juin. Les deux listes arrivées en tête aux élections, celle du nationaliste Moqtada Sadr et celle d’anciens combattants anti-jihadistes proches de l’Iran, ont annoncé au soir une alliance inattendue pour diriger le pays lors des quatre années à venir.
La liste de l’actuel Premier ministre Haïdar al-Abadi est arrivée en troisième position le 12 mai, lors du premier scrutin tenu depuis la victoire sur le groupe État islamique (EI).
À la place, le turbulent leader populiste Moqtada Sadr et son alliance inédite avec les communistes, appelée la Marche pour les réformes, sont arrivés en première place.Ils étaient suivis de l’Alliance de la Conquête, dirigée par Hadi al-Ameri. Celui-ci qui est considéré comme l’homme de Téhéran à Bagdad.
« La marche pour les réformes et l'Alliance de la Conquête annoncent à tous avoir formé une véritable alliance pour accélérer la formation d'un gouvernement national éloigné de tout confessionnalisme », a proclamé Moqtada Sadr lors d'une conférence de presse commune avec M. Ameri dans sa ville de Najaf, au sud de l’Irak.
Téhéran avait appelé contre toute alliance avec les ex-miliciens chiites
Cette union a pris par surprise la classe politique, car Moqtada Sadr avait laissé entendre qu’il ne se rallierait pas avec M. Ameri. Car le général iranien Ghassem Soleimani, l'émissaire que Téhéran dépêche régulièrement en Irak, avait appelé au lendemain des élections les forces conservatrices chiites à ne pas s'allier avec l'ancien chef de milice. Celui-ci a récemment multiplié les bravades à l'encontre du grand voisin iranien. L’Alliance de la Conquête faisait partie de ces forces chiites.
Une semaine auparavant, Moqtada Sadr avait signé un accord de coalition avec la liste al-Hikma, du dignitaire chiite Ammar al-Hakim, ainsi que celle du laïc Iyad Allawi, qui compte de nombreuses figures sunnites. À ceux-ci s’ajoutent les 47 sièges au Parlement acquis par l’Alliance de la Conquête et désormais les 94 sièges de l’ancien chef de milice, devenu héraut de la lutte anticorruption et en faveur de l’indépendance de l’Irak face à Téhéran et à Washington.
Cette nouvelle alliance est donc un pas de taille vers la moitié des 329 sièges du Parlement, condition nécessaire à la formation d’un gouvernement.
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