Aux championnats du monde de lutte des moins de 23 ans, l’Iranien Alireza Karimi Machiani s’est laissé battre afin de ne pas avoir à affronter un concurrent israélien. Son gouvernement, qui ne reconnait pas l’Etat hébreu, l’a félicité.
Le gouvernement iranien a rendu hommage ce lundi à un lutteur s'étant résigné à perdre un match international pour ne pas affronter un concurrent israélien, alors que la polémique sur ce combat allait bon train sur les réseaux sociaux. La République islamique d'Iran ne reconnaît pas Israël, qu'elle qualifie de "Grand Satan" au même titre que les États-Unis, et interdit à ses sportifs de disputer des compétitions contre des joueurs ou des équipes de l'État hébreu.
Samedi, dans la ville polonaise de Bydgoszcz où se déroulaient les championnats du monde de lutte des moins de 23 ans, Alireza Karimi Machiani se laisse battre facilement par son concurrent russe Alikhan Zabraïlov, alors qu'il menait la partie. Selon des images de la compétition disponibles sur internet, le sportif iranien semble abandonner totalement le combat et se laisse dominer après qu'une voix hors champ lui crie en persan: "Tu dois perdre Alireza!"
Sur Twitter, le hashtag #youmustlose ("tu dois perdre" en anglais, décliné dans sa version persane, "bayad bebazi") faisait florès lundi avec de nombreux commentaires indignés, parfois très hostiles aux autorités iraniennes, mais aussi des messages de sympathie saluant le geste du sportif. S'il a vu le podium lui échapper, Alireza Karimi Machiani a reçu le soutien de son gouvernement et de la fédération iranienne de lutte.
"Une source de fierté" selon le ministère
"Votre action noble et héroïque (...) est une source de fierté pour la communauté sportive d'Iran", selon un communiqué du ministère de la Jeunesse et des Sports qui loue le "sacrifice magnanime" consenti par le lutteur. Qualifiant Alireza Karimi Machiani de "héros", la Fédération iranienne de lutte a laissé entendre que son "champion" avait déjà dû mettre de côté ses chances de médailles pour un motif similaire en 2013.
"C'est la deuxième fois que tu t'élèves contre l'oppression du peuple palestinien en abandonnant tes droits dans un acte de soumission absolue", écrit la Fédération dans un communiqué. Cité par l'agence iranienne Isna, l'entraîneur de l'équipe nationale de lutte libre, Mohammad Talaïe, a lui qualifié le sportif de "jeune homme méritant" et dit espérer un soutien des autorités pour que "ses efforts et son entraînement soient compensés" d'une manière ou d'une autre.
Mais sur Twitter, nombreux utilisateurs étaient indignés par cet abandon contraint. "Ne disent-ils pas (les autorités iraniennes, ndlr) qu'Israël est le mal? Alors plutôt que de fuir, levons-nous, battons-nous et vainquons-les". Le Russe Zabraïlov a remporté l'or dans la catégorie des 86 kg et l'Israélien Uri Kalachnikov est monté sur la troisième marche du podium.
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