Le président philippin menace de passer outre l'avis de la Cour suprême pour étendre la loi martiale à tout le pays. Cette loi dote l'armée de pouvoirs renforcés et permet de prendre des mesures exceptionnelles, comme la détention sans mandat d'arrêt ou l'instauration d'un couvre-feu. La loi martiale a déjà été proclamée dans le sud du pays, sur la grande île de Mindanao, en réaction aux affrontements depuis une semaine entre l'armée et le groupe Maute, allié du groupe Etat islamique, dans la ville de Marawi
L'opposition philippine s'inquiète d'une dérive autoritaire. Dimanche 28 mai, dans un discours aux troupes, le président Duterte a prévenu que personne ne l'empêcherait de prolonger la loi martiale. « Jusqu'au jour où l'armée et la police déclareront notre pays libéré de toute menace, je continuerai la loi martiale. Je n'écouterai personne d'autre, ni la Cour suprême ni le Congrès », a-t-il déclaré.
Limitée à deux mois aux Philippines, la loi martiale nécessite un vote du Congrès pour être rallongée. Jugeant la mesure excessive, voire dangereuse pour la démocratie, plusieurs groupes, des défenseurs des droits de l'homme aux représentants religieux catholiques ou musulmans, ont annoncé leur intention de saisir la Cour suprême, afin de faire déclarer la mesure « inconstitutionnelle ».
En 1972, lorsque le président Ferdinand Marcos avait déclaré la loi martiale, il avait utilisé la mesure pour instaurer une dictature. En réaction à la menace terroriste, Rodrigo Duterte, grand admirateur de Marcos, a dans un premier temps déclaré que sa propre loi martiale serait aussi intransigeante que celle de l’ancien dictateur, avant de promettre qu'il n'y aurait pas d'abus.
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