YouTube censure la Corée du Nord ! Le site de partage de vidéos vient de fermer deux chaînes qui diffusaient quotidiennement de la propagande du régime de Pyongyang. La mesure provoque une véritable levée de boucliers parmi la communauté des chercheurs qui travaillent sur ce pays. De telles vidéos leur offrent en effet de précieuses informations.
La plateforme de partage de vidéos YouTube a fermé deux chaînes majeures de propagande nord-coréenne, intitulées « Urimizokkiri » (« notre peuple ») et Tonpomail, qui est gérée par l’association des résidents nord-coréens du Japon. Ces chaînes diffusaient tous les jours le journal télévisé de la chaîne d’Etat et divers clips de propagande. Elles ont été fermées « en raison d’une plainte » et « pour avoir violé la charte de la communauté YouTube », peut-on lire sur le site, qui est la propriété du géant américain Google.
Mais les raisons précises de ce blocage ne sont pas très claires. Ces chaînes n’avaient pas de publicité, elles ne rapportaient donc pas de devises à Pyongyang. Il est possible que les avocats de YouTube aient fait preuve d’un excès de prudence, dans la foulée de la dernière résolution de l’ONU qui impose des sanctions sévères au régime depuis son dernier essai nucléaire. Mais cette décision suscite colère et consternation parmi les spécialistes de la Corée du Nord.
En effet, les chercheurs scrutaient chaque jour ces vidéos à la loupe, pour y glaner des renseignements précieux sur ce pays notoirement opaque. Ces vidéos aidaient ainsi à suivre les déplacements du dirigeant Kim Jong-un, à identifier de nouvelles infrastructures militaires, à obtenir des détails techniques sur les derniers missiles, à identifier les dignitaires de l’entourage de Kim, ou encore à connaître ce que le régime dit à sa population.
Dans une lettre ouverte à YouTube, l’analyste américain Curtis Melvin donne une longue liste d’exemple d’informations ainsi obtenues. Il parle de « grave revers pour le travail des chercheurs open source ». Un travail crucial, qui permet au public - et aux journalistes - d’avoir accès à des analyses indépendantes. D'autant plus crucial que les tensions s’aggravent depuis plusieurs mois. Ce blocage par YouTube « arrive au pire moment », renchérit Joshua Pollack, un spécialiste de la non-prolifération.
Les protestations ne semblent pas suffire à convaincre YouTube de faire machine arrière. Une porte-parole s’est justifiée dans un communiqué : « Nous sommes très heureux que YouTube soit une plateforme qui permette de faire la lumière sur les endroits sombres de la planète, mais nous devons respecter la loi. ». Ce n’est pas la première fois que l'entreprise bloque des comptes nord-coréens ; l’année dernière, une chaîne de télévision avait été supprimée. Les chercheurs vont donc devoir attendre que d’autres chaînes de vidéos de propagande fassent leur apparition, par exemple sur le Web chinois.
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