Le 22
Janvier 2020, le Parquet d’Abidjan était saisi par le Secrétaire Général du
Sénat, d’une plainte contre inconnu pour des faits de faux et usage de faux
commis dans des documents administratifs, usurpation de titre ou de fonction et
escroquerie portant sur du numéraire.
Le
plaignant expliquait que selon la réglementation en vigueur, les sénateurs
bénéficient d'une exonération des droits et taxes douaniers sur l'achat d'un
véhicule neuf à l'importation durant la législature en cours.
Poursuivant,
il indiquait qu’à la date du 28 novembre 2019, le Secrétariat Général du Sénat
était saisi par un courrier de la Direction Générale des Douanes indiquant que
des attestations reçues comportaient plusieurs irrégularités, découlant
notamment du fait que :
- certains véhicules ne correspondaient pas aux
caractéristiques techniques de ceux figurant sur les attestations d'exonération
signées par ses soins au profit des Sénateurs concernés ;
- de fausses pièces nationales d'identité et cartes
professionnelles au nom de Sénateurs avaient été produites à la Douane en vue
de bénéficier des droits d'exonération ;
- des personnes figurant sur la liste des Sénateurs
comme ayant bénéficié d'exonération, produite par la Douane, n'avaient pas la
qualité de Sénateur ;
- la signature du Secrétaire Général du Sénat avait
été falsifiée sur certaines attestations d'exonération ;
Au regard
de l’extrême gravité de ces faits, j’ai instruit la Section Recherches de la
Gendarmerie Nationale de diligenter une enquête.
Les
investigations menées ont démontré que le nommé TOURE ALADJI MOUSSA MOUSTAPHA
communément appelé « TOURE AL MOUSTAPHA » avait mis en place un réseau de
faussaires, qui produit et commercialise de fausses attestations d'exonération
de Sénateurs auprès de particuliers, lesquels s'en servent pour contourner la
procédure douanière en matière d'importation de véhicules.
Par
ailleurs, l’enquête a démontré
l’implication de certains sénateurs, qui, en violation de l'incessibilité du droit à l’exonération, ont cédé à de
tierces personnes moyennant rémunération, des documents, occasionnant ainsi un préjudice financier
important à l’administration douanière.
Déféré à
mon Parquet, j’ai requis à l’encontre du sieur TOURE ALADJI MOUSSA MOUSTAPHA alias
« TOURE AL MOUSTAPHA » et autres, l’ouverture d’une information judiciaire au
Pôle Pénal Économique et Financier (PPEF) avec mandat de dépôt pour les faits
de faux et usage de faux commis dans des documents administratifs, escroquerie
portant sur du numéraire, corruption et Blanchiments de capitaux.
Faits
prévus et punis par les articles 7, 8, 99, 121, 122, 123, 99, 113, 117 et 118
de la Loi N°2016-992 du 14 novembre 2016 relative à la lutte contre le
blanchiment de capitaux et le financement du Terrorisme ; les articles 107,
108, 311, 335, 471 et 484 du Code Pénale.
Les bénéficiaires des attestations frauduleuses de
même que toutes les personnes impliquées dans cette fraude font l'objet de recherches en vue de
leur faire subir toute la rigueur de la loi pénale.
Le Procureur
de la République tient à indiquer, s’agissant des sénateurs impliqués dans ces
faits, qu’une demande aux fins d’autorisation de poursuite sera adressée au
Sénat, conformément à l’article 145 alinéa 1 du Règlement du Sénat en date du
26 juin 2018.
Fait à Abidjan, le 26 août 2021
Le Procureur de la République
ADOU Richard Christophe
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