C’est sur un ‘’tapis rouge’’ du sang des populations ivoiriennes et parsemé des cadavres de la crise post-électorale de 2010-2011, que le président Alassane Ouattara accéda au trône présidentiel, le 21 mai 2011 à Yamoussoukro. Des cadavres qu’aurait causés Laurent Gbagbo « par son refus de céder le pouvoir à Ouattara », rabâchait le Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) dont Ouattara était le candidat au 2e tour de l’élection présidentiel.
La crise post-électorale a ravivé des sentiments de haine, de division, observés en Côte d’Ivoire depuis le décès du père de la nation, et qui se sont manifestés par le coup d’Etat contre Henri Konan Bédié, en 1999, la rébellion meurtrière contre Laurent Gbagbo en 2002. L’un mis dans l’autre, cette situation a amplifié la guerre post-électorale qui s’est trouvée très meurtrière. 3000 morts, selon le pouvoir Ouattara.
La traque et l’emprisonnement de plusieurs cadres de l’opposition et proches de Laurent Gbagbo, le gel des avoirs de ces derniers, la situation des exilés, et en clou l’extradition de l’ex-président Laurent Gbagbo et de son ministre Charles Blé Goudé à la CPI, ont profondément divisé les Ivoiriens. Malgré quelques tentatives de soulèvements attribués à des partisans de Laurent Gbagbo, le pouvoir Ouattara a réussi tant bien que mal à imposer une paix, mais de façade, à travers un programme de réconciliation nationale qui laisse à désirer. Cette paix précaire, on la doit aussi à une opposition devenue amorphe, contrairement à ce qu’elle avait servi depuis l’avènement du multipartisme en 1990. En réalité, on dira que le pouvoir a réussi à la rendre amorphe.
Si Ouattara a réussi à prospérer malgré les contestations de sa gestion par les Ivoiriens, c’est aussi en partie grâce à Henri Konan Bédié, son « aîné » de co-président qui l’a de tout temps soutenu contre vents et marrée.
Mais alors qu’il s’achemine vers la fin de son mandat, alors que les Ivoiriens espèrent une alternance aisée comme au Bénin, au Ghana et au Liberia, l’on constate une politique du président Alassane Ouattara et de son parti le RDR qui tend à fragiliser la paix sociale. D’abord par une nouvelle constitution presqu’imposée aux Ivoiriens, car seulement 42,42% des électeurs ont pris part au référendum constitutionnel. Ils avaient dénoncé le contenu de cette constitution, mais elle est quand même passée.
En dehors de ses relations déjà tendues avec l’opposition, ce qui ne pouvait pas être autrement, l’on constate également que le président ivoirien favorise des tensions avec ses alliés qui l’ont aidé à se hisser au pouvoir. Des tensions avec Soro Guillaume, le divorce avec Anaky Kobena et une division au Mfa favorisée par le RDR, le divorce avec Gnamien Konan et l’UPCI, et finalement avec Henri Konan Bédié et le PDCI. Si Ouattara est élu et réélu président de la république de Côte d’Ivoire, c’est en partie et grâce au PDCI et à son président Henri Konan Bédié.
A cela s’ajoute, en utilisant des termes propres à eux, une volonté du président Alassane Ouattara de « s’accrocher au pouvoir ». En effet, alors qu’il a presque juré sur tous les toits qu’il ne briguerait pas un 3e mandat, le président ivoirien a fait une récente sortie dans Jeune Afrique où il affirme une possibilité de se représenter en 2020, parce que la nouvelle constitution le lui permet. Cette sortie a fait réagir plus d’un observateur qui ont battu en brèche les propos du président.
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