Guillaume Soro est vraiment déçu de son ancien mentor, le président Alassane Ouattara, qu’il avait pourtant aidé, grâce à sa rébellion de septembre 2002, à porter au pouvoir au terme d’une crise post-électorale entre 2010 et 2011, ayant fait plus de 3000 morts.
En disgrâce auprès du régime Ouattara depuis sa démission en février 2019 de la présidence de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro est décidé à boire le calice jusqu’à la lie. En avril 2020, alors qu’il a manqué de peu de se faire arrêter après son retour manqué à Abidjan en décembre 2019, l’ancien chef rebelle a été condamné à vingt ans de prison pour « recel de détournement de deniers publics » et « blanchiment de capitaux » par la justice ivoirienne.
Raison de cette condamnation: l’achat en 2007 pour un peu plus d’1,5 milliard de francs CFA de sa résidence de Marcory Résidentiel, à Abidjan, alors qu’il était encore Premier ministre sous la présidence de Laurent Gbagbo. Accusé d’avoir acheté cette résidence avec des fonds publics, Guillaume Soro a été condamné à « vingt ans d’emprisonnement, 4,5 milliards de francs CFA d’amendes », la confiscation « de sa maison et la privation de droits civiques ».
Candidat déclaré à l’élection présidentielle d’octobre prochain, l’ancien président de l’Assemblée nationale a vu son dossier de candidature être rejeté par le Conseil constitutionnel. Autrement dit, Guillaume Soro n’est pas éligible à la présidentielle du 31 octobre. Mais l’homme, lui, ne veut pas l’entendre de cette oreille. En exil en France depuis son retour manqué à Abidjan, il a tenu une conférence de presse jeudi 17 septembre 2020 pour cracher ses vérités au chef de l’Etat sortant, Alassane Ouattara, candidat à sa propre succession.
«Depuis le 23 décembre 2019, je suis contraint de vivre loin de mon pays, victime de montages grossiers habillés par des artifices juridiques. On m’a fait un procès expéditif, fallacieux et fictif, pour des faits inexacts, alliant calomnie et diffamation et au prétexte d’une infraction de recel d’un bien qui aurait été prétendument commise en 2007 », dénonce-t-il d’emblée.
‘’Exclu de la liste électorale, de la liste des candidats, et de mon Pays’’, Guillaume Soro fustige les Sages du Conseil constitutionnel qui ont déclaré le président Alassane Ouattara éligible alors que l’article 55 de la Constitution est très clair : « Le Président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. Il n’est rééligible qu’une fois». « Les Sages du Conseil Constitutionnel ont manqué d’imagination, ou sont de très mauvais juristes », dit-il.
D’ailleurs, revenant sur sa condamnation qui le prive aujourd’hui de ses droits civiques et politiques, Guillaume Soro dénonce le favoritisme dont le chef de l’Etat s’est lui-même rendu coupable mais surtout son ingratitude vis-à-vis de son ancien ‘’protégé’’ qu'il est. « J’ai vu Ouattara construire une maison pour feu le Premier ministre Amadou Gon avec les fonds publics... J'ai vu Ouattara construire une maison pour Ibrahim Ouattara avec les fonds publics... J'ai été Premier ministre, Président de l’Assemblée nationale, je connais celui qui a construit », a-t-il lâché.
Puis d’enfoncer le clou: « Lui Ouattara, avec tout ce que moi j'ai fait personnellement pour lui, c’est au moins 10 maisons qu'il allait m'offrir; n’est-ce pas ? La seule maison que le Président (Laurent Gbagbo) a eu à m'offrir bien que je sois en guerre contre lui, Ouattara me l'a arrachée », a-t-il regretté.
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