Invité dans le cadre du Forum économique de Saint-Pétersbourg pendant deux jours, le chef de l'Etat a défendu l’indépendance française sans réussir à obtenir de grandes avancées.
Vladimir Poutine est fier de sa ville. Elle est la plus belle de Russie, construite sous Pierre le Grand, le tsar qui, à coup d’oukases, fit entrer l’empire dans la modernité. Sans doute un modèle qui l’inspire. Il a choisi la terrasse du palais Constantin, avec ses jardins « à la française », pour l’inévitable photo souvenir. Les photographes insistent pour que les deux chefs d’Etat se serrent la main une fois de plus… Le patron du Kremlin acquiesce, comme à contrecœur. Les embrassades à la Donald Trump, très peu pour lui. « Vladimir Poutine est un animal à sang froid. Son logiciel personnel est presque entièrement issu de son expérience dans les services de renseignement. C’est un grand manipulateur », estime Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique. Emmanuel Macron sait que le Russe valorise le rapport de force. « Quand vous êtes faible, il s’en sert », estime Macron.
Depuis leur première rencontre sous les ors du château de Versailles, en mai 2017, les deux hommes ont établi une relation de travail très directe. Jeudi dernier, pendant que Brigitte Macron visitait, seule, la forteresse Pierre-et-Paul et sa cathédrale, nécropole des Romanov, ils sont restés en tête à tête avec leurs interprètes deux heures et quart, plus du double de ce que prévoyait le programme officiel. « Malgré toutes les difficultés, nos relations se développent. Le chiffre d’affaires bilatéral continue de s’accroître », déclare Poutine, en prenant soin de vouvoyer son interlocuteur, qui, lui, l’a tutoyé. « Membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, la France et la Russie ont une place à part et cette place nous oblige », souligne Macron qui cite l’écrivain Dostoïevski pour résumer la nécessité de trouver « un vrai terrain de conciliation pour toutes les contradictions européennes ».
Iran, Syrie, Ukraine, cyberattaques et droits de l’homme… la liste des sujets qui fâchent est longue. Certains ont été soigneusement mis de côté, comme l’affaire Skripal, l’ex-espion russe empoisonné en mars dernier en Angleterre. « Sur l’Iran, il y a eu une avancée, ce n’est pas juste une stratégie de posture », affirme l’entourage du chef de l’Etat. Car Emmanuel Macron et Vladimir Poutine veulent conserver l’accord sur le nucléaire dont Trump vient de sortir avec fracas. Le Français a même l’objectif de le « compléter » pour couvrir toute l’activité nucléaire au-delà de 2025, mais aussi les missiles balistiques et la stabilité au Moyen-Orient –?Syrie, Yémen, Irak. Le Russe s’est déclaré prêt « à discuter ». La puissance désormais dominante en Syrie a aussi accepté la création d’un « groupe de coordination » pour rapprocher les participants aux rencontres d’Astana du « small group » initié par la France et tenter de relancer le processus de paix.
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