La jeunesse du FPI se prépare aux prochaines échéanes. Avec M. Konaté Navigué, son sécrétaire natioanal chargé de la jeunesse et du dialogue, nous avons échangé sur l'esprit qui prédomine dans la "maison bleu". Et sur les moyens que le parti compte utiliser pour remobiliser et réunifier son parti.
Quel regard portez-vous sur le FPI, rongé par cette crise qui divise le parti en deux blocs antagonistes : Le camp du président légal Affi N’Guessan, et celui des frondeurs dirigés par Abou Drahamane Sangaré ?
La difficulté, c’est le sommet. Il y a des querelles de personnes entre des camarades qui semblent insurmontables. En pareille circonstance, c’est plutôt la base qui va faire la réunification. Je pense sincèrement que les élections législatives seront l’occasion pour les militants de base de se mettre ensemble. Au niveau local, il y a des choses qui se font déjà. Vous avez des camarades qui ont des différences certaines, mais qui savent que s’ils ne sont pas ensemble, ils vont perdre le siège de leur localité. Ils se voient donc obligés de travailler ensemble à la base. Mais au sommet, ça va être difficile, parce qu’il y a toute une question d’ambition personnelle. C’est devenu une question d’orgueil.
Vous semblez êtes pessimiste ?
Pas de pessimisme. Mais peut-être un scepticisme. Je dis que l’optimisme reste au niveau de la base et non au niveau du sommet. C’est déjà un espoir car vous savez que dans les partis politiques, les responsables passent, mais le parti demeure. La partie la plus importante d’un parti, c’est la base. Je suis responsable au secrétariat général aujourd’hui, et demain, je peux ne plus l’être. Ce qui est important, c’est que si les militants de base considèrent qu’il nous faut gagner les élections législatives et qu’ils se réunissent dans toutes les localités, les circonscriptions, c’est l’essentiel. Et je pense que les camarades ont compris qu’il faut travailler à cela. Et c’est de ça qu’on parle au cours des tournées que j’effectue en ce moment. Je suis donc optimiste.
Est-ce que vous réussissez à mobiliser des partisans du camp Sangaré, vous qui êtes étiqueté pro-Affi N’Guessan ?
Les militants viennent surtout pour s’informer. Pour comprendre. Parce que quand vous restez à entendre les mêmes choses depuis deux ans, à un moment donné, vous voulez entendre autre chose. Beaucoup viennent m’écouter. Ils me disent : « l’autre côté on dit ça, et ici qu’est-ce que vous dites ? » Et on leur explique notre position. Dans ce genre de chose, il faut aller de façon méthodique et patiente. Si vous vous précipitez, vous risquez de rater la cible. Nous allons doucement, mais très certainement, et sûrement nous avançons.
Y a-t-il une médiation qui travaille à rapprocher les deux tendances ?
La médiation peut être imposée par la base. A un certain moment, si on constate que tous les militants regardent dans la même direction, on n’aura plus d’intérêt à regarder différemment. Je pense que c’est cette réconciliation qui sera effective. Nous avons tenté beaucoup de médiations, les intérêts sont tels que c’est pas du tout facile pour le sommet de se réunir et de dire la même chose, parce que les positions sont radicales.
Parmi tant d’autres choses, il y a cette guerre de propriété autour du logo du FPI. Son président Affi N’Guessan a été récemment traduit en justice...
Ceux qui ont fait ça ne comprennent pas ce qui se passe réellement dans le parti. Vous ne pouvez pas créer une organisation commerciale qui s’appelle FPI avec le logo FPI et puis revendiquer la paternité de ce logo-là, alors que le FPI est né depuis 1982… C’est désolant.
Revenu récemment de La Haye où il a comparu en tant que témoin, Sam l’Africain a fait des déclarations qui ont suscité une levée de bouclier chez vos adversaires internes. Il a dit que Gbagbo ne reconnait que la légitimité d’Affi N’Gessan à la tête du FPI. Quel commentaire en faites-vous ?
C’est gênant... Je ne suis pas encore allé à la CPI, je ne peux pas en dire davantage. Mais comme c’est Sam l’Africain qui est parti et qui a défendu le président, ce qu’il a dit aujourd’hui fait office de vérité de mon point de vue. Il serait sage pour nos camarades de laisser Sam en paix. Si nous discréditons Sam l’Africain ici, c’est qu’on est en train de dire que tout ce qu’il a dit pour la défense de Gbagbo au niveau de la CPI est discrédité. Je ne crois pas qu’il soit sage ou stratégique de tirer sur ce témoin. Moi, je lui fais confiance. Ce qu’il a dit, je pense que c’est la vérité d’autant que c’est la première et la véritable personne que tout le monde a vu avec le président Gbagbo et avec Charles Blé Goudé à la CPI, à La Haye.
Un message à votre président Affi N’Gessan pour bien conduire le parti ?
La question de la cohésion et de la réconciliation est importante. Mais si vous voulez vous réconcilier avec quelqu’un qui ne veut pas vous voir, vous faites quoi ? On ne peut pas se réconcilier seul. Tendons la main. Mais pendant combien de temps ?
A Abou Drahamane Sangaré ?
Nous leur tendons la main. Et ça fait deux ans que nous leur tendons la main.
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