La Côte d’Ivoire attend un nouveau gouvernement, après la dissolution, mardi 3 juillet 2018, de l’équipe conduite par le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Le président Alassane Ouattara qui a reconduit son Premier ministre l’a enjoint de lui présenter un gouvernement composé des partis du RHDP et de la société civile. La question qui cristallise le débat au sujet de ce gouvernement est la situation du PDCI. Celle de savoir avec lequel des PDCI Ouattara compte gouverner.
Cela fait un moment que ce gouvernement était attendu depuis l’annonce faite par le président de la république lors du 4e congrès ordinaire du Rassemblement des républicains (RDR). Il avait donné les conditions pour être membre de cette nouvelle équipe gouvernementale.
« Je voudrais vous dire que nous attendons la validation de l’accord politique et des statuts pour former un gouvernement de rassemblement, un gouvernement RHDP qui comprendra tous les partis membres du RHDP, comme cela a été le cas par le passé. Je considère que cela est important pour la stabilité de notre pays et que nous devons faire en sorte que ce gouvernement de rassemblement, le gouvernement qui nous amènera aux élections de 2020. Maintenant je veux être clair pour vous dire que le RHDP se constituera avec ceux qui le voudront bien. Ce n’est pas une obligation. Le RHDP se constituera avec ceux qui le voudront bien. Et je prends donc acte de la décision de l’UPCI de ne pas faire partie du RHDP, en tout cas à la date d’aujourd’hui », avait déclaré Alassane Ouattara le 6 mai.
S’il répondait directement à l’UPCI qui a dit non à l’accord politique pour la mise du RHDP, Ouattara s’adressait indirectement au PDCI, plus particulièrement à son président Henri Konan Bédié qui, bien que d’accord pour un parti unifié qu’il a appelé de tous ses vœux, ne partage pas le point de vue du chef de l’Etat. Ce dernier veut la création du parti unifié maintenant, au sein duquel l’on choisira le meilleur profil pour la présidentielle de 2020. Alors que Bédié est favorable à un parti unifié après 2020, estimant que selon le deal entre lui et Ouattara, la pouvoir en 2020 devrait revenir au PDCI.
La question de l’alternance après Ouattara a brumé les relations entre le président de la république et son co-président Bédié, au point où Ouattara parle de se représenter en 2020, en dépit de la constitution ivoirienne qui ne le lui permet pas. Les distances entre les deux sont tellement visibles que désormais, l’on constate une division au PDCI entre des pro-Bédié et des pro-Ouattara. Parmi ces PDCI pro-Ouattara, on compte des personnalités telles que le vice-président Daniel Kablan Duncan, le ministre Kobenan Adjomani et bien d’autres. Ces derniers sont soupçonnés de vouloir vendre le PDCI au RDR. Mardi, ces cadres PDCI proches de Ouattara ont annoncé la création d’un courant au sein du PDCI en se démarquant de la position du Bureau politique du parti relativement au parti unifié. Une démarche que le président Bédié a fustigée, s’élevant contre une quelconque division du PDCI.
Devant cette réalité, la question qui se pose est de savoir avec lequel des PDCI le RDR va composer. Celui de Bédié ou des cadres proches de Ouattara ? Si visiblement la tendance penche pour le second groupe, l’autre question que cela suscite est de savoir si Ouattara peut prendre le risque de se passer de Bédié à un moment où le RDR est plus ou moins affaibli et mobilise pas comme par le passé. Au moment où la gestion de Ouattara est très critiquée, causant beaucoup de désespoir même au sein de ses partisans et de la population ivoirienne. Au moment où le RDR lui-même est fragilisé du fait de la tension entre pro-Soro et anti-Soro, et que l’opposition ne cache pas son intention de se coaliser avec le PDCI ou le clan Soro. Sans oublier le fait que, comme eux-mêmes le disent, aujourd’hui en Côte d’Ivoire, aucun parti politique ne peut accéder tout seul au pouvoir, sans alliance.
Pour parvenir au pouvoir, le RDR a bénéficié du soutien fort précieux du PDCI avec la promesse que Ouattara sera le président et son « aîné » Bédié, le co-président. Pour sa réélection, Ouattara a encore bénéficié du soutien de Bédié à travers l’appel de Daoukro qui a permis de faire de lui le candidat officiel du RDR et du PDCI, au détriment des cadres du PDCI qui ont dû aller en indépendant. A l’épreuve du parti unifié, Ouattara va-t-il se passer de sa promesse à Bédié au risque de mettre en péril son pouvoir. Car Bédié à lui seul représente plus que tous ces cadres pro-Ouattara au sein du PDCI et même les partis de la coalition RHDP.
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