A l’instar de nombreux pays africains, la Côte d’Ivoire a connu des crises qui ont provoqué de nombreux déplacements internes de sa population. Notamment les graves crises politiques de 2002 et 2011, sans omettre les conflits intercommunautaires, ces dernières années. Pour juguler le mal, l’Union africaine a adopté lors d’un sommet spécial, le 22 octobre 2009 à Kampala (Ouganda), la Convention de l’Union africaine sur la protection et l’assistance aux personnes déplacées en Afrique. Ladite Convention a été mise en vigueur en 2012.
En 2013, au regard des conséquences de la crise post-électorale et toutes les autres avant et après, qui ont favorisé un grand nombre de personnes déplacées internes (PDI), la Côte d’Ivoire a décidé de ratifier la Convention de Kampala. Pour la rendre effective, les Etats parties de la Convention, dont la Côte d’Ivoire, doivent transposer les dispositions de cette Convention dans leur législation.
Hélas, quatre ans après, alors même que les conflits communautaires ont éclaté dans l’ouest et dans le nord du pays ces dernières années, même récemment à Guiglo, la Côte d’Ivoire n’a pas jugé urgent de mettre en vigueur la convention.
En effet, la Convention de l’Union africaine sur la protection et l’assistance aux personnes déplacées en Afrique oblige les Etats parties à certains engagements. Dans le point 2 de l’article 3, la Convention affirme :
« Les Etats parties incorporent les obligations de la présente Convention dans leur droit interne, par la promulgation ou l’amendement de la législation pertinente relative à la protection et à l’assistance aux personnes déplacées, en conformité avec leurs obligations en vertu du droit international ». Ce qui, jusqu’à ce jour n’a pas été fait. Malheureusement !
L’article 3 stipule aussi que « les Etats parties désignent une autorité ou un organe, si nécessaire, qui serait chargé de la coordination des activités visant à assurer l’assistance aux déplacées et à assigner des responsabilités aux organisations pertinentes en terme de protection et d’assistance et de coopération avec les organisations ou agences internationales compétentes et avec les organisations de la société civile, là où il n’existe pas ce type d’organisation ou d’autorité. »
En Côte d’Ivoire, il est clair que cette autorité ni cet organe n’existe. Et elle n’a point été créée non plus. Pourtant, Dieu seul sait combien d’autorités et d’organes ont créés ces dernières années pour faire à certains défis dont la sécurité, la bonne gouvernance, l’emploi pour ne citer que ceux-là. Minimise-t-on la situation des personnes déplacées internes pour ne pas songer à mettre rapidement en exécution les obligations de la Convention de Kampala ? La lenteur de l’Etat ivoirien semble indiquer qu’il s’agit de cela. Que la priorité est ailleurs.
Si tel est le cas, alors on pourrait se demander quelles étaient l’urgence et l’utilité d’avoir ratifié une convention qu’on n’est pas disposé à mettre en œuvre, quatre ans après, d’autant plus que l’adhésion est volontaire et non obligatoire ?
Pendant ce temps, les personnes déplacées internes se multiplient, avec toutes les conséquences que cela implique, notamment la perte de biens et des violations graves des droits fondamentaux de ces personnes. C’est cette situation qui a conduit le Service d’aide et d’assistance aux réfugiés et apatrides (Saara) du ministère des Affaires étrangères et le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) à initier un atelier de formation des professionnels de médias et des acteurs de la société civile sur la question.
Au terme de cet atelier de renforcement des capacités, les participants ont fait des recommandations aux différents décideurs.
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