Dans une tribune intitulée « la démocratie ivoirienne à l’épreuve de l’inscription sur la liste électorale », dont nous avons reçu copie lundi 28 mai 2018, l’analyste politiste et écrivain Geoffroy-Julien Kouao, se prononce sur les dissensions au sein de l’opposition au sujet de l’inscription sur la liste électorale.
S’il se félicite de cette divergence d’opinion entre partis de l’opposition qui, selon lui, est l’expression même de la démocratie, l’auteur de la tribune dénonce par contre « l’immobilisme du pouvoir » face à la réforme de la Commission électorale indépendante (CEI) réclamée par une bonne frange de la population et exigée par la Cour africaine de justice et des droits de l’Homme.
Tribune
Contrairement à une opinion admise, je ne parlerai pas de cacophonie au niveau de l’opposition mais d’une pluralité de position relativement à l’attitude à tenir face à l’invitation de la CEI à s’inscrire sur la liste électorale. N’oublions pas que l’opposition est plurielle, diverse, subséquemment n’a pas une unicité de point de vue. Heureusement pour la démocratie. Les uns, c'est-à-dire, Lider, le FPI d’Affi N’Guessan et Le RPP, invitent leurs militants et les populations ivoiriennes à s’inscrire sur la liste électorale.
Pour les autres, EDS et le FPI de Sangaré Aboudramane, la posture inaugurale, c’est le respect par l’Etat de l’arrêt de Cour africaine des droit de l’homme et des peuples de 2016 qui demande à la Côte d’ivoire d’opérer des reformes relatives à la composition de la CEI pour être en conformité avec les instruments internationaux qu’elle a ratifié. Les deux positions sont respectables en ce qu’elles prennent en compte l’exercice des libertés et le respect de l’Etat de droit.
Les divergences se situent au niveau des priorités. Pour Mamadou Koulibaly, Ouattara Gnonzié et Affi N’Guessan, les militants doivent d’abord s’inscrire sur la liste électorale et ensuite, viendra la bataille pour la réforme de la CEI. A contrario, Georges Armand Ouegnin et Aboudramane Sangaré pensent que s’inscrire sur la liste électorale, c’est légitimer la CEI présente et lui reconnaître, de droit, la compétence pour organiser les élections à venir. A l’exercice d’un droit, d’une liberté chère aux uns, les autres brandissent le respect de l’Etat de droit.
Dans un Etat démocratique, les débats publics contradictoires auraient permis de départager les uns et les autres et éclairer davantage l’opinion publique. Mais hélas !!! Même dans la presse de l’opposition, le débat public contradictoire fait défaut. Bref.
Du strict point de vue stratégique, les postures des deux camps sont complémentaires donc, conciliables. Seulement, l’immobilisme du pouvoir sur la question de la réforme de la CEI est démocratiquement improductif.
Non seulement les instruments internationaux appellent à des réformes, mais au niveau interne, de plus en plus d’intellectuels et de membres de la société civile et politique expriment le même vœu. La loi n’est pas un dogme, elle évolue, elle change. Ce n’est pas parce que la classe politique a accepté hier que la composition de la CEI était bonne, que cette vérité juridique et politique doit être inscrite dans du marbre. Comme l’homme, la loi naît, change, évolue et meurt. C’est le charme de sa dimension biologique.
A l’évidence, la CEI, dans sa composition actuelle, divise, pose problème. En politique, le principal consiste à résoudre les problèmes et non les éluder à défaut de les élucider.
La politique se résume au compromis, au dialogue, aux ajustements. J’invite le gouvernement et l’opposition à trouver un cadre institutionnel de dialogue pour un compromis sur la CEI qui va dans le sens de la promotion de la démocratie en Côte d’Ivoire.
Geoffroy-Julien Kouao
Ecrivain, juriste et analyste politique
0 Commentaires
Participer à la Discussion
Commentez cet article