Depuis 2018, la rivalité entre Henri Konan Bédié et Alassane
Ouattara a refait surface et s’accentue au fil des jours. Dans un dossier
intitulé « Présidentielle en Côte d'Ivoire: Alassane Ouattara, le dernier round
», Radio France Internationale (RFI) révèle la source de cette sempiternelle
rivalité.
En effet selon la radio mondiale, tout commence en avril
1990 avec l’entrée d’Alassane Ouattara « dans les affaires politiques de son pays
par la grande porte, lorsque Houphouët lui confie la présidence d’un comité
interministériel chargé de l’élaboration et de la mise en application du
programme de stabilisation et de relance ». Satisfait alors du travail
du technocrate venu du Fonds monétaire international (FMI), le père de la
nation le nomme au poste de Premier ministre créé expressément pour lui.
Parallèlement, le vieux qui ploie sous le poids de l’âge et de la maladie, «
profite pour modifier l’article 11 de la Constitution », afin que son
poulain Henri Konan Bédié, président de l’Assemblée nationale, assure l'intérim
du chef de l’État en cas de vacance du pouvoir.
Dès lors, Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié se
positionne comme les deux têtes de pont du pouvoir finissant
d’Houphouët-Boigny. Plutôt de constituer un duo ou tandem, les deux hommes se
mènent une guerre souterraine pour le contrôle de l’héritage de « leur père ».
« ADO va tenter d’écarter les hommes de Bédié présents dans
l’administration ivoirienne, Était-ce pour lutter contre la corruption ou pour
stopper les ambitions présidentielles de son adversaire ? », questionne
l’analyste de l’Institut stratégique d’Abidjan Sylvain N’Guessan cité par RFI.
En tout état de cause, à la mort du père-fondateur de la
nation ivoirienne, Henri Konan Bédié parvient à lui succéder après être sorti
victorieux d’un bras de fer avec Alassane Ouattara, selon des sources
concordantes et bien introduite. Une fois bien installé à la tête de l’Etat, le
Sphinx de Daoukro manœuvre à son tour pour couper tout appétit du pouvoir à
l’ancien Premier ministre.
Barré de la course à la présidentielle de 1995 par le code
électoral, le technocrate « poursuit sa carrière au FMI (…) Un an
avant la nouvelle élection présidentielle, en juillet 1999, Alassane Ouattara
rentre au pays pour se lancer dans la course. Il est désigné président du RDR,
dont le fondateur Djeni Kobina est mort 10 mois plus tôt. Le régime Bédié, pas
plus que 5 ans auparavant, n’entend pas laisser l’ancien Premier ministre se
présenter. Visé par un mandat d’arrêt, ADO s’exile en France, dès le mois de
septembre. »
De l’extérieur, Alassane Ouattara menace de frapper « le
pourvoir moribond » de son rival qui tombe effectivement le 24 décembre
1999 suite à un coup d’Etat militaire.
« À la veille de Noël 1999, Henri Konan Bédié est renversé par un coup
d’État militaire portant au pouvoir le général Robert Guéhï. Ouattara rentre.
Or, l’un des acteurs clés du coup de force est le sergent Ibrahim Coulibaly,
dit « IB », un de ses anciens gardes du corps. De ce fait, Alassane Ouattara
sera toujours suspecté par ses adversaires d’être l’un des architectes de ce
coup d’État», raconte RFI.
Un an plus tard, les deux rivaux sont exclus de la course à
l’élection présidentielle 2000 remportée par Laurent Gbagbo du Front populaire
ivoirien (FPI) face au chef de la junte militaire Guéhi Robert. Désormais tous
deux dans l’opposition, ils profitent pour se réconcilier et former une équipe
au sein du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix
(RHDP) contre le régime de Gbagbo en proie à une rébellion conduite par Soro
Guillaume. Leur union se montre efficiente et porte enfin Alassane Ouattara au
pouvoir en 2010.
Mais huit ans plus tard, le choc des ambitions ressuscite
leurs rivalités. Au détriment de la tranquillité des Ivoiriens.
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