« L’abbé Obrou veut-il couvrir Ouattara? », telle est la question que pose Jean-Claude Djéréké, après que ledit abbé ait animé une conférence de presse pour démentir les informations de la Lettre du Continent selon lesquelles le nonce apostolique Joseph Spiteri a quitté la Côte d’Ivoire, pour cause de « menaces ».
Dans une publication du dimanche 15 avril 2018, sur les réseaux sociaux, l’ancien prêtre qui a déposé la soutenance pour jouir de sa liberté de parole et d’actions, a condamné l’attitude du clergé catholique qu’il accuse de vouloir protéger le président Ouattara. Car en la matière, le nonce Spiteri encore vivant ou son cabinet ou le Vatican étaient les mieux placés pour démentir. Il accuse son ex-collègue de délation. Jean-Claude Djéréké écrit :
« Selon la Lettre du continent (LC) du 4 avril 2018, l’ancien nonce apostolique aurait reçu plusieurs menaces de mort pour avoir souhaité des procès judiciaires plus rapides, pour avoir demandé la poursuite de la lutte contre la corruption et pour avoir invité Ouattara à “sortir de la mentalité de clan” et à discuter avec toute l’opposition. Deux jours plus tard, alors qu’on s’attendait à un démenti en bonne et due forme de la nonciature apostolique d’Abidjan ou du Vatican, c’est l’abbé Augustin Obrou qui prit le contrepied du périodique fondé par Antoine Glaser.
Pour lui, Spiteri quitte la Côte d’Ivoire, non pas parce que sa vie y est en danger, mais parce qu’il est arrivé au terme de sa mission, le séjour des nonces apostoliques ne durant, d’après lui, que de quatre à six ans. Et ce n’est pas tout. Le chargé de communication de l’archidiocèse d’Abidjan ajoute que l’ex-ambassadeur du Vatican, lors de la présentation des vœux du corps diplomatique pour la nouvelle année, ne s’adressait pas “à un camp mais à toute la société ivoirienne”. Il m’est difficile de souscrire à une telle interprétation dans la mesure où le concerné lui-même affirme: “On voudrait suggérer un dialogue politique plus étendu pour sortir de la mentalité du clan et favoriser le concours plus actif de l’opposition”. À qui et pour qui l’ancien nonce parle-t-il ici? Ne saute-t-il pas aux yeux que le destinataire de sa suggestion est Ouattara et que l’ensemble de l’opposition devrait en être le bénéficiaire si cette suggestion était prise en considération?
Mais le plus grave ne réside pas dans cette mauvaise compréhension de la déclaration de Spiteri par Obrou. Le plus grave, c’est son ridicule “kpakpatoya”. Dans le jargon ivoirien, le “kpakpato” est celui qui se mêle de ce qui ne le regarde pas dans le but d’en tirer quelque avantage. Disons les choses autrement: tel le renard de la fable “Le corbeau et le renard” de Jean de La Fontaine, le kpakpato ne fait jamais rien pour rien. Alors, quel but Obrou poursuit-il en répondant à la place de Spiteri qui, à ce que je sache, n’a pas perdu l’usage de la parole comme Zacharie dans le temple avant la naissance de Jean le Baptiste (Luc 1, 20) et est encore en vie? Qui veut-il protéger? Pourquoi déploie-t-il un zèle excessif pour un individu dont le seul fait d’armes en Côte d’Ivoire aura été de se faire porter dans un hamac le 14 mai 2016 à Fresco comme à l’époque de la colonisation?
Avant de répondre à ces questions, je voudrais donner mon point de vue sur l’information de la LC selon laquelle Joseph Spiteri a été affecté au Liban parce qu’il ne se sentait plus en sécurité dans la capitale économique. À la différence d’Obrou, qui n’a pas hésité à parler d’une “fake news”, j’inviterais les Ivoiriens à prendre au sérieux les menaces de mort à l’encontre du prélat maltais jusqu’à ce que ce dernier, son chargé de communication ou le Vatican monte au créneau pour les démentir. Ceci ayant été affirmé, essayons maintenant de répondre à la question suivante: pourquoi Obrou se croit-il obligé de voler au secours de Spiteri au point de traiter par le mépris tous les journaux locaux ayant relayé l’information de la LC? Quand on connaît les accointances de Ouattara avec Kutwã, supérieur hiérarchique d’Obrou, n’est-on pas légitimement fondé à suspecter Obrou et son “patron” de chercher à couvrir Ouattara???
Dans la suite de son propos, l’ex-prélat a dépeint un tableau sombre de la gestion de Ouattara, à la tête de la Côte d’Ivoire depuis 2011. Il accuse les dirigeants de l’église catholique de Côte d’Ivoire et le Vatican de soutenir le président ivoirien au détriment du peuple.
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