Le développement fulgurant de la téléphonie mobile en Afrique est une révolution qui bouleverse tous les secteurs, bien plus que dans les autres régions du globe. Preuve en est, un africain a souvent à la main deux téléphones portables. En ville comme en campagne, chez les jeunes ou les moins jeunes, ce comportement est très répandu. Pourquoi utiliser deux portables, dans un continent qui détient le record de pauvreté dans le monde ? Une chose est sûre : la révolution numérique en Afrique est en marche ! L’essor fantastique de la téléphonie mobile en est une éloquente illustration. Selon un rapport publié en marge d’une conférence des opérateurs de mobile en Afrique du Sud, 350 millions de Smartphones devraient être en circulation sur le continent africain d’ici 2017.
Un chiffre qui atteindrait 557 millions en 2019 et ce, dans toutes les couches de la population. Que ce soit en milieu urbain ou en milieu rural, indifféremment des classes sociales, le mobile devient un outil incontournable. Si le taux de pauvreté reste encore inquiétant dans cette région du monde selon la Banque Mondiale, le taux de pénétration de la téléphonie mobile est en constante progression. Cette tendance se traduit par le nombre de portables par africain qui profite de l’immense offre de ce marché en plein boom. Spécificités du marché africain En Europe, aux Etats-Unis ou encore en Asie, le marché de la téléphonie mobile arrive à saturation tandis que l’Afrique s’équipe à tout va. Les opérateurs du monde entier exploitent le filon en proposant une offre spécifique et adaptée à l’Afrique. Les populations africaines n’ayant pas les mêmes habitudes de consommation que les autres habitants du globe, l’offre s’ajuste aux besoins et aux habitudes de consommation. Et, du fait de la multiplicité de cette offre, les africains peuvent s’accorder le luxe de posséder plusieurs téléphones mobiles. Des Smartphones à bas prix : Orange, par exemple, va déployer en Afrique un Smartphone à 50 dollars.
Quand aux marques locales de Smartphones, elles commencent à voir le jour. C’est le cas de VMK qui a mis sur le marché « Elikia », vendu à environ 38 euros. « En un an, le prix moyen d’un Smartphone est passé de 40.000 (60 euros) à 25.000 Francs CFA (environ 40 euros) soit une baisse de près de 40% », détaille Bernard Mazetier, directeur Internet et Réseaux chez Orange, pour la zone AMEA (Afrique, Moyen-Orient et Asie). Un secteur très concurrentiel qui profite au consommateur : Bernard Mazetier note par ailleurs que la carte prépayée est reine en matière de téléphonie mobile. « Cela représente plus de 98% de nos ventes », confie-t-il à Europe 1. Et Orange n’est pas le seul opérateur à se précipiter sur ce créneau. Vodafone, Tigo, MTN, Zain, ils sont nombreux à vouloir séduire le consommateur africain. Leur stratégie ? Baisser les prix et multiplier les formules promotionnelles pour augmenter leur part de marché. Ainsi plusieurs opérateurs proposent les appels gratuits entre mobiles du même réseau. Les économistes de l’OCDE expliquent que ces opérateurs développent une très forte concurrence en termes de prix, ce qui profite très largement au consommateur africain qui peut s’offrir le luxe de souscrire à deux ou plusieurs offres, utilisant, de ce fait, plusieurs appareils mobiles. Des réseaux mobiles insatisfaisants : Malgré tout, l’accès au réseau mobile reste problématique dans certaines zones notamment rurales. Pour pallier au problème de la défectuosité des réseaux, une grande partie des usagers a souvent deux téléphones portables, voire trois, afin d’être connecté au moins sur un réseau qui fonctionne bien, au bon moment. Un réseau fixe défaillant : Selon Alain Ba Oumar, président de IG Telecom, « au lendemain des indépendances africaines, les différents Offices des Postes et Télécommunications distribuaient le courrier et offrait des services de téléphonie fixe à travers de couteux réseaux filaires terrestres ». Aujourd’hui, le courrier postal est devenu quasi inexistant, du fait de la restructuration et la privatisation des entreprises d’État, et les coûts d’installation d’un poste fixe sont généralement prohibitifs pour l’africain moyen. Par conséquent, le réseau africain de téléphonie fixe est l’un des plus faibles au monde. Le téléphone mobile devient l’unique moyen de communication et d’accès à l’internet pour beaucoup d’africains.
Pour Antoine Kowalski, ancien journaliste à Forbes Afrique, « les africains sont passés de rien aux téléphones mobiles directement ». Ce phénomène, les spécialistes l’appellent le « leapfrogging » (littéralement « saut de grenouille »). « Les gens changent beaucoup plus de portables en Afrique que chez nous », remarque Kowalski. Et si le continent s’équipe plus vite que n’importe quel autre avant lui, c’est en partie à cause de la vétusté et le coût des lignes fixes. Le nombre d’utilisateurs a augmenté de 13% par an depuis 2010, deux fois plus vite que la moyenne mondiale. Le marché africain n’est pas prêt de s’essouffler et pour bon nombre des habitants, ce sera encore « deux portables, sinon rien ! »
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