Dans l’est de l’Ouganda, les jeunes hommes de la tribu Bamasaaba sont circoncis lors d’une cérémonie d’initiation à l’âge adulte. Mais les Bamasaaba forcent également les membres d’autres tribus à se soumettre à cette opération douloureuse, qui est souvent pratiquée par des « chirurgiens » inexpérimentés.
Joseph Wanzusi, Mbale
« Lorsque mes collègues m’ont demandé de me faire circoncire, j’ai cru à une plaisanterie », dit Benjamin Mukuye, un mécanicien de motocyclettes qui appartient à la tribu Basoga. Benjamin Mukuye habite à Mbale, dans l’est de l’Ouganda, où vivent la majorité des Bamasaaba. Ses collègues le sont également. Au sein de cette tribu, les jeunes hommes subissent une circoncision lors d’une cérémonie d’initiation à l’âge adulte.
Cependant, il ne s’agit pas d’une plaisanterie. Les collègues de Benjamin Mukuye s’emparent de lui et le font circoncire par un chirurgien local, dans la rue sous les acclamations de la foule. « Quand je suis rentré chez moi, saignant, avec une pièce de tissu autour de la taille, ma femme a eu un choc », se rappelle Benjamin Muluye, 26 ans, qui sera incapable de travailler pendant un mois et aura du mal à subvenir aux besoins de sa famille.
« Le jour où mon mari a été circoncis, il a saigné toute la nuit », se souvient Zaina Namakula, la femme de Benjamin. « Il n’y avait personne pour venir à son secours. Et au même moment, mon bébé et moi nous avions le paludisme. »
Chants de circoncision
Abiya Tilulaga, 16 ans, également mécanicien de motocyclettes, a une histoire similaire à raconter. Se doutant qu’il allait probablement être, lui aussi, victime d’une circoncision forcée dans la rue, il se rend à l’hôpital, où, pense-t-il, la circoncision sera pratiquée dans des conditions sûres. « Mon frère aîné a proposé de payer les frais médicaux et maintenant je suis en convalescence. Mais j’ai eu très mal. »
« Un groupe de jeunes couraient bruyamment dans les rues de la ville, en chantant des chansons qui avaient trait à la circoncision, et ils s’emparaient de tous les jeunes qu’ils soupçonnaient de ne pas avoir été circoncis », se rappelle Tilulaha, quand il évoque les circoncisions forcées.
Ce jour-là, la vie publique s’arrête à Mbale : les commerçants ferment boutique et les non-Bamasaaba quittent leur travail, de crainte d’être emparés et circoncis. La police lance des gaz lacrymogènes sur la foule et arrête plusieurs auteurs, qui seront relâchés par la suite. Le commandant de police de Mbale Michael Ongica qualifie la circoncision de délit, précisant qu’elle cause de graves dommages corporels à la victime.
Mauvais pour les affaires
Prenant la parole à l’occasion de la nouvelle saison de circoncision, au Centre culturel Mutoto à Mbale, le chef des Bamasaaba, Umukuuka Wilson Weasa Wamimbi, condamne les circoncisions forcées des non-Bamasaaba. Il craint en effet qu’elles n’entraînent des tensions dans la communauté hétérogène de Mbale et qu’elles effraient de potentiels investisseurs non-Bamasaaba. Mais pour le reste, il ne semblait pas trop se préoccuper des droits de l’homme.
Selon Yusuf Wamboga, le chirurgien local qui a pratiqué les circoncisions forcées, tout a commencé lors d’une visite effectuée récemment à Mbale par le président Yoweri Museveni. Celui-ci avait suggéré que tous les hommes devraient être circoncis pour essayer de juguler la propagation du VIH. (Note de Droit au Corps : Museveni avait finalement mis en garde contre la pratique en juillet 2011)
« Quand on nous (les chirurgiens locaux – ndlr) demande de pratiquer une circoncision, nous ne posons pas de questions, dit Wamboga. Nous accomplissons notre devoir, étant donné qu’à chaque saison il y a des hommes Bamasaaba qui essaient d’échapper à la circoncision – eux aussi sont obligés de se soumettre à ce rite. »
Source : RNW
source: droitaucorps.com
1 Commentaires
Anonyme
En Mars, 2019 (13:55 PM) Il y a un bamasaaba au Sénégal qui s'appelle Idrissa Seck. Venez le prendre s'il vous plait.Participer à la Discussion
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