Critiqué pour ses « centres de rééducation » au Xinjiang, la Chine entend poursuivre sa politique de « déradicalisation » des populations musulmanes du grand-ouest chinois. Dans un « livre blanc » sur l’antiterrorisme, les dangers de l’extrémisme et les droits de l’homme au Xinjiang publié ce lundi, les autorités chinoises affirment avoir arrêté 13 000 « terroristes » dans la région autonome ouighoure depuis 2014.
Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
Après la guerre des mots, la bataille des chiffres : dans un long rapport diffusé via le réseau WeChat, les services chinois affirment avoir arrêté 12 995 terroristes au Xinjiang, saisi 2 052 engins explosifs, et « sanctionné » 30 645 personnes pour « activités religieuses illégales », très loin des plus de 1 million de Ouighours qui seraient détenus dans des camps en Chine selon les Nations unies, chiffre, une nouvelle fois contesté dans ce document.
Pour le régime communiste, la « politique de lutte contre l’extrémisme religieux » mise en place par les autorités judiciaires au Xinjiang serait un « juste équilibre entre compassion et gravité » où seuls les extrémistes transformés en « diables meurtriers » seraient sévèrement sanctionnés. Les autres reçoivent « une éducation et une formation », afin d’éviter qu’ils ne subissent des influences négatives précise le texte. « Centres de conseil et de formation professionnel » pour le régime communiste ou « camps de détention arbitraire » pour les organisations de défense des droits humains, lutte contre le « séparatisme » selon Pékin ou politique de « sinisation » selon le Congrès mondial ouighour, une chose est sûre, il est aujourd’hui très difficile de savoir ce qui ce passe dans la région autonome la plus à l’ouest de la Chine, décrite une nouvelle fois dans ce livre blanc comme « une partie inséparable du territoire chinois. »
Les diplomates sont parfois invités dans la région du Xinjiang mais dans le cadre d’un programme très encadré, les journalistes étrangers y sont persona non grata depuis les émeutes de 2009. Pékin a également condamné les récentes interventions des autorités turques, qualifiées d’ingérences dans les affaires intérieures du pays en réaffirmant dans le document publié ce lundi que « les Ouighours ne sont pas les descendants des Turcs. »
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