S'il avait voulu envoyer un message transparent à son ancien Premier ministre, Laurent Gbagbo ne s'y serait pas pris autrement. Les audiences qu'il accorde à Agnès Monnet, à Bruxelles, une semaine après son refus de recevoir Pascal Affi N'guessan, ont une signification plus qu'évidente : l'ex-prisionnier de Scheveningen n'est pas d'accord avec son ancien collaborateur qu'il juge trempé dans des compromissions.
Mardi 19 mars 2019, Affi N'guessan s'était envolé pour l'Europe, à partir d'Abidjan, dans l'intention de rencontrer son « patron », à Bruxelles. L'entrevue annoncée dans la presse et sur les réseaux sociaux était censée se tenir, jeudi 21 mars. Elle n'a jamais eu lieu. Le député de Bongouanou sous-préfecture n'est pas allé au-delà de Paris. Il a, en fait, refusé de se plier à un préalable de Laurent Gbagbo : la reconnaissance des congrès de Mama et de Moossou. Dans la capitale française, Pascal Affi N'guessan, selon le négociateur de la rencontre, devait faire une déclaration sur Radio France internationale.
« J'ai trouvé l'esprit de cette déclaration, son contexte et son contenu méprisant, insultant et contraire à l'esprit de réconciliation et d'unité du parti qui m'anime. En conséquence, j'ai refusé, j'ai dit "non" », consignait, outré, Pascal Affi N'guessan.
Rentré à Abidjan, l'ancien Premier ministre a donné une conférence de presse où, pour la première fois, il considérait Laurent Gbagbo comme le « chef de la fronde » au Fpi. « Je ne mérite pas ce que Laurent Gbagbo m’a fait ; je ne mérite pas ce mépris. Ce n’est pas digne de nous deux. Il ne m’a pas ramassé dans la rue. Gbagbo m'a fait, moi aussi, j'ai fait Gbagbo », a proféré Affi N’Guessan.
Tollé dans le camp « Gbagbo ou rien » ! Agnès Monnet, secrétaire générale, restée fidèle à Affi N'guessan, a rédigé dans la foulée sa lettre de démission. On la savait à Accra, au Ghana. On apprenait bien plus tard qu'elle s'est envolée pour l'Europe.
Contrairement à Pascal Affi N'guessan, Agnès Monnet est reçue par Laurent Gbagbo. L'ex-chef d’État, acquitté en première instance par la Cpi de crimes contre l'humanité, est dans une posture qu'il affectionne sans doute : poser des actes de portée politique et renvoyer l'image du seul capitaine à bord. Affi N'guessan saura apprécier.
0 Commentaires
Participer à la Discussion
Commentez cet article