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Politique

Réforme constitutionnelle en Côte d’Ivoire, éviter l’impasse

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Ils étaient simplement opposés à la procédure suivie par les autorités nationales pour la réforme constitutionnelle. Mais depuis quelques jours, les opposants politiques ivoiriens ont durci leur position sur le sujet. Ils rejettent désormais en bloc le projet de réforme, compromettant ainsi fortement la réalisation de cette promesse de campagne du président ivoirien Alassane Ouattara.

L’Union Africaine fait son entrée en scelle pour tenter d’éviter un chaos. « On veut nous imposer une Constitution », dénonce Abouo Ndori Raymond vice-président du Front populaire ivoirien (FPI). Cette position est partagée par l’ensemble des acteurs de l’opposition ivoirienne. 23 partis politiques réunis au sein du Collectif de l’opposition démocratique (CODE) dont le FPI de Laurent Gbagbo, Lider de Mamadou Koulibaly, opposent un refus farouche à la réforme constitutionnelle que veut Alassane Ouattara. Selon eux, cette réforme est inopportune et précipitée dans la mesure où la prochaine élection présidentielle est prévue en 2020. Au-delà, ils estiment qu’il y a une absence de consensus dans la démarche des gouvernants, dans la conception du nouveau texte. Ils n’acceptent pas non plus, entre autres, l’introduction du poste de vice-président qui serait nommé et non élu, et la nomination par le Président d’un tiers des membres du futur Sénat. « Même le général Robert Guéi à son temps, avait créé une commission nationale qui regroupait les représentants des forces vives du pays pour réfléchir à la rédaction de l’actuelle Constitution», Ahipeaud Martial le Président de l’Union pour le Développement et les Libertés (UDL), joint au téléphone. "C’est une  démarche unilatérale, autoritaire, illégale et illégitime du chef de l’Etat " déclarait, il y quelques jours, Pascal Affi N’Guessan, le président du FPI. S’accordant ainsi sur ce sujet avec ses détracteurs qui lui disputent depuis des années le contrôle de cette formation politique.

Le RHDP, la coalition au pouvoir de son côté, ne cesse de réaffirmer sa volonté de faire passer le projet de réforme. Il mène des actions de campagne sur le terrain. Depuis peu, cette coalition a mis en mission des délégations pour appeler leurs militants et la population à voter « OUI » au référendum. Par ailleurs, les Houphouétistes invitent depuis ce mercredi ses militants à parler de nouvelle Constitution et non de révision de la Constitution pour éviter la cacophonie. Ces prises de position tranchées et la cristalisation apparente de la scène politique qui pourrait en résulter, a fait intervenir l’Union Africaine (UA) vendredi dernier pour appeler au calme. Joséphine Charlotte Mayuma Kala, sa représentante spéciale, a entamé des rencontres avec la classe politique ivoirienne. Pascal Affi N’Guessan est le premier leader avec qui qu’elle s’est entretenu. Selon certaines sources, Joséphine Charlotte a signifié l’inquiétude de son organisation face à la tournure que prend le débat autour de la réforme constitutionnelle. Elle a invité le président du FPI au dialoguer avec les partis membres du RHDP pour faire consolider le climat de paix. Jusque là, l’opposition politique ivoirienne admettait l’idée d’une révision. Toutefois, elle n’approuvait pas la démarche suivie par l’Administration Ouattara. Début juin dernier, le Professeur Francis Wodié, ancien président du Conseil Constitutionnel ivoirien, estimait que « Cette révision proposée par le chef de l’Etat sort du champ juridique en posant un problème politique, car l’actuelle Constitution ne prévoyant pas de processus pour sa propre révision ». Il avançait aussi que ce n’était pas du ressort seul du Président ivoirien de nommer un comité d’experts chargé de réfléchir à cette question. Durant ce même mois de juin, le Front populaire ivoirien (FPI) et plusieurs autres formations politiques estimaient que« c’était mal parti ». Ils craignaient également que le pays n’aille à « l’élaboration d’une constitution qui ne rassemblera pas le consensus recherché ». Avec le changement de la mission du comité d’experts, passée de révision de la Constitution actuelle à celle de rédaction d’une nouvelle Constitution, la détermination est grande au sein de l’opposition.

« Nous ne ferons pas plaisir à qui que ce soit en demandant le boycottage. Nous aviserons mais il est clair que nous sommes des démocrates, c’est pour cela que nous mobilisons aujourd’hui les ivoiriens. Nous ne sommes pas seuls, la grande majorité de la société civile est sur la même ligne que nous. Nous nous battrons pour que les ivoiriens rejettent massivement cette Constitution et nous sommes convaincus qu’il en sera ainsi », déclarait Bamba Moriféré le porte-parole de la coalition des 23 partis membres du CODE. « L’opposition est par définition ce qui est opposé à ce qui existe, c’est-à-dire au pouvoir. Les deux n’ont donc pas, de façon tout à fait normale, la même vision », estime le député Kouadio Konan Bertin du KKB du PDCI. Docteur Memon Fofana est Enseignant-chercheur en Sociologie à l’Université Péléforo Gbon de Korhogo. Pour lui, toute initiative de retouche de la Constitution doit inclure le peuple à tous les niveaux. « C’est si le peuple est d’accord, qu’on procède au changement d’un point ou d’un autre de la Constitution. Mais là, on constate que le gouvernement veut aller droit au but. Si cette constitution est modifiée, il faut savoir que plus tard, elle occasionnera des crispations », pense l’universitaire. Il soutient que le projet de réforme constitutionnelle court vers « l’impasse s’il n’y a pas de consensus préalable autour de la question ».

On ne connait pas encore à ce jour le contenu exact de la nouvelle Constitution. Mais le radicalisme des postions de l’opposition politique ne rassure pas. Le pouvoir devra faire montre de pédagogie pour rassurer ses intentions et assurer un débat démocratique serein.

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