Zoumana Bakayoko et ses pairs de l’Afrique de l’Ouest, professionnels de l’engrais, réfléchissent depuis ce lundi à Abidjan sur l’utilité des produits fertilisants dans la prévention des conflits et la lutte contre la pauvreté.
« Au début, la boucle du cacao se trouvait à l’Est de la Côte d’Ivoire. Mais lorsque les sols se sont appauvris, les populations de cette zone se sont déplacées vers l’Ouest pour exploiter de nouvelles terres. Mais cela n’a pas été forcément du goût des autochtones pour qui ces derniers sont venus s’accaparer leurs forêts. Des questions de droit de propriétés se sont donc posés et cela a entraîné des conflits jusqu’à se généraliser ».
Ce récit de Zoumana Bakayoko, n’est pas seulement et simplement un rappel d’une séquence de l’histoire de la Côte d’Ivoire, mais l’exemple parfait qui témoigne de l’importance de l’engrais dans le développement et la préservation de la paix. C’est toute la problématique du West Africa Fertilizer Forum qui réuni à Abidjan les 9 et 10 mai l’Association régionale des professionnels de l’engrais (WAFA).
En effet, pour M. Bakayoko qui intervenait en tant que panéliste à l’occasion de la première journée de ce forum, si à l’époque l’on avait fait usage des engrais pour la fertilisation, la région de l’Est n’aurait pas connu le phénomène de l’appauvrissement des sols et l’on aurait évité les conflits à l’Ouest.
C’est pourquoi aujourd’hui, il salue la politique de l’actuel gouvernement qui s’appuie sur le secteur privé pour traiter les questions liées à l’importation, la distribution et l’usage de l’engrais à travers son Programme national de développement agricole (PNDA).
Un partenariat public-privé salutaire
« L’Etat a compris. Ce ne sont plus les discussions avec la Banque mondiale qui définissent les questions inhérentes à la sécurité alimentaire, mais avec le privé par l’entremise du PND et du PNDA », précise-t-il.
L’un des enjeux de ce partenariat public-privé est d’agir impérativement « afin de réduire les coûts sur toute la chaîne de distribution des engrais », condition sine qua non pour permettre à la majorité des producteurs de s’en procurer.
« Dans le partenariat public-privé, l’Etat doit penser au chemin de fer et faire en sorte que nos investissements impactent positivement le coût des engrais sur les marché », relève-t-il.
Cela est d’autant plus important qu’il induira à terme, insiste-t-il, l’amélioration de la productivité agricole pour une meilleure sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté.
Une étude de l’USAID apporte d’ailleurs de l’eau au moulin de Zoumbak. Selon celle-ci, l’Afrique de l’Ouest ne profite pas pleinement du potentiel de rendement sur les terres agricoles actuelles. La principale raison est de toute évidence l’utilisation insuffisante d’engrais. En effet, cette région « utilise en moyenne 12 kg par hectare qui est largement inférieur à l’objectif établi par les chefs d’Etat africain en 2006 (50 kg/ha) ou encore à la moyenne mondiale de 107 kg/ha ».
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