Analyste politique et écrivain, le juriste Geoffroy-Julien Kouao n’a pas attendu longtemps pour interpeller le gouvernement ivoirien sur la réforme hospitalière dont l’annonce a été faite au sortir du récent Conseil des ministres. Vendredi, dans une tribune qu’il a publiée sous le titre « réforme hospitalière ou le Marché à l’hôpital public ? », l’analyste politique interroge l’exécutif sur la nécessité d’une telle réforme. Pour lui, cette réforme est plutôt libéral que sociale. Mieux, le juriste estime que le gouvernement gagnerait à augmenter le budget alloué à la santé conformément aux normes internationales.
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Tribune : Réforme hospitalière ou le Marché à l’hôpital public ?
Le dernier conseil des ministres a adopté un projet de loi portant réforme hospitalière. Selon le porte parole du gouvernement, « Cette réforme repose sur la création d’une nouvelle forme d’Etablissements publics dénommés Etablissements Public Hospitaliers (EPH)………..Ce projet de loi engage une réelle modernisation de la gouvernance, de l’organisation et du fonctionnement des établissements hospitaliers, compte tenu de la faculté reconnue aux EPH d’exercer selon un mode gestion privé. Ce modèle de gouvernance garantit la gestion optimale du patrimoine et la participation des établissements hospitaliers privés au service public hospitalier, tout en préservant son caractère social »
Cette réforme pose, à mon sens, un double problème idéologique et social: Quelle place pour le service public, aujourd’hui, en Côte d’ivoire ? La compétitivité managériale et économique recherchée par cette réforme, est-elle conciliable avec la justice sociale ? Pour faire simple, la gestion des hôpitaux publics selon le mode de gestion privé ne va-t-elle pas fragiliser davantage l’accès des populations aux soins de santé ? Tout le monde le sait, le privé renvoie à la recherche du profit, du bénéfice, en termes financiers, bien sûr. La solution pour l’amélioration de notre système de santé publique réside-t-elle dans une reforme libérale ? Ne serait-il pas heureux que le gouvernement commence par respecter l’accord d’Abuja qui oblige les Etats africains à consacrer 15% du budget national à la santé ou à 12% comme le recommande l’OMS ?
En Côte d’Ivoire, le budget alloué à la santé est de 380 milliards soit 6,5% du budget national. Je suggère au gouvernement de mieux communiquer sur cette réforme et que des débats publics contradictoires opposent les membres du gouvernement, les partenaires sociaux et les intellectuels sur le sujet pour mieux éclairer, le moment venu, le vote des députés qui pourront y apporter, si nécessaire, des ajustements, des correctifs.
Geoffroy-Julien KOUAO
Juriste et Ecrivain.
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